Il n'avait cessé de livrer le dur combat contre l'ignorance. Mouloud Feraoun revient cette semaine. Le célèbre écrivain doublé d'un pédagogue, assassiné par les hordes de l'OAS, le 15 mars 1962, à la veille de la Libération nationale, sera fêté ce 15 mars avec, en souvenir, cet homme bon comme le pain. La Kabylie et, notamment Beni Douala, Larbaâ Nath Irathen se souviennent de Feraoun, pédagogue, alors que le reste du pays a, en tête, Le fils du pauvre, Les chemins qui montent ou encore La terre et le sang. Ecrivain prolifique, Feraoun décrivait la quotidienneté dans la Kabylie en ces temps-là, une Kabylie difficile, affrontant la misère et l'exploitation de l'autre ou alors une atmosphère de guerre que personne ne saurait oublier. Feraoun était un véritable peintre de la vie, si simple et si proche de la nature de ces rudes paysans qu'il connaissait si bien, car lui-même, est issu de ces Ighil Nezman qui renferment tant de beauté et d'intelligence. Feraoun sait raconter et, ses récits sont aussi simples que captivants comme les récits des grands-mères au coin du feu, quand devant les ventres affamés, elles savaient calmer la faim en inventant de si belles histoires. Sa vie, il l'a dédié à l'enfance. En effet, Feraoun, de longues années durant, en Kabylie d'abord, puis à Salembier, à Alger, ensuite, n'avait cessé de livrer le dur combat contre l'ignorance. Il a participé à la formation de générations et mieux encore, il leur a légué des écrits. Outre ses romans, Feraoun a de même légué à l'Ecole algérienne balbutiante, des premiers temps de l'Indépendance, des outils de formation et aussi des textes aussi beaux que simples. Plus tard, avec des camarades, il passe aux Centres sociaux et l'éducateur trouve la matière à se déployer toujours au service de l'enfance. Il a su éviter les pièges des capitaines Citerne et autres agents du 13 mai 1958 ou les héraults de la fausse fraternité du chat et de la souris, en s'adonnant plus à son oeuvre, celle-là qu'il connaît le mieux et il avait ainsi rendu de grands services à la Jeune Ecole de son pays, alors en devenir. Feraoun devait, hélas! périr en compagnie de ses camarades Ali Hamoutène, Max Marchand, Ould Aoudia, des sauvages qui pensaient qu'en assassinant des gens, ils arrêteraient la roue de l'histoire. Feraoun est mort assassiné, il y a de cela 46 ans, jour pour jour; alors que ses assassins condamnés par l'histoire, sont jetés dans l'oubli, lui, l'écrivain, l'instituteur, l'honnête homme et le bon père de famille est toujours présent. «Illa Ulbead illa ulacit illa ulbead ulacit illa».