La grande question est, aujourd'hui, la maîtrise de la gestion de l'eau pour pouvoir projeter une vision sur l'avenir. Le problème de l'eau n'est pas spécifique à l'Algérie, mais la configuration hydraulique du pays (aride et semi-aride dans les 2/3 de sa superficie) rend ce problème plus sensible qu'il ne l'est ailleurs dans le monde. Avec 600m3 par habitant et par an, le pays est même largement en dessous du seuil des 1000m3 dont disposent les pays en manque d'eau, sans parler de ceux qui ne souffrent pas d'insuffisance en la matière. Or, le pire serait encore à craindre si l'on excipe du fait que selon les experts en hydraulique - si la situation n'est pas renversée entre-temps - nous aurons moins de 500m3 dans les cinq ans à venir. L'université Johns Hopkins (Etats-Unis) affirmait, dans une récente étude sur l'hydraulique dans les pays d'Afrique, que la quantité annuelle d'eau par personne y sera inférieure à 1000m3 en 2025. L'Algérie est l'un de ces pays africains. Aussi, avec 600m3 par personne l'Algérie est déjà loin du compte. Or, une étude de la Banque mondiale estime qu'il y a «rareté» avec moins de 1000m3 par habitant et problématique dès lors que ce seuil tombe en dessous de 1700m3 par personne, qui est actuellement la norme. C'est tenant compte de ces paramètres que les autorités politiques du pays se sont attelées au problème dont le ministère des Ressources en eau qui est chargé de lui trouver les solutions appropriées. De fait, c'est seulement lors des quinze dernières années qu'il y eut réellement prise de conscience des problèmes de l'eau qui risquaient de mettre en stand-by l'ensemble des programmes de développement du pays. Ce qui a été le cas au regard des retards accumulés dans les projets de développement des Hauts-Plateaux où la question de la disponibilité de l'eau se posait avec acuité. C'est aussi à cette époque qu'une nouvelle politique de l'eau commençait à prendre forme sous l'impulsion du ministère en charge des Ressources en eau. Cette prise de conscience s'est accompagnée du postulat que l'eau est un bien économique, qu'elle est rare et vulnérable, que sa gestion doit être assurée de façon intégrée et surtout que c'est l'affaire de tous. Cela ne sert à rien en effet de rationaliser l'usage de l'eau, de construire des barrages si dans le même temps la population ne suit pas, car pas informée, ou pire, mal informée. Si effectivement la situation globale de la disponibilité de l'eau s'est améliorée, ces deux dernières années, il n'en reste pas moins que le problème demeure. Mais, d'ores et déjà, des avancées appréciables sont constatées, notamment par la construction ou la remise en état de barrages. Selon Abdelmalek Sellal, il existe actuellement 59 barrages et 13 autres seront opérationnels en 2009. A cette époque, l'Algérie exploitera donc 72 barrages et s'appuiera sur six grands transferts (Mostaganem-Oran, Taksebt-Alger, Tichy-Béjaïa, Beni Haroun vers 6 wilayas de l'Est, In Salah-Tamanrasset, Koudiet/Bouira vers 5 wilayas des Hauts-Plateaux) pour une capacité de 7,2 milliards de mètres cubes. Mais la bataille de l'eau est loin d'être gagnée même si les capacités de stockage se sont nettement améliorées. C'est dans cette perspective de maîtrise de la gestion de l'eau qu'une vaste réflexion a été engagée au ministère des Ressources en eau autour de l'économie de l'eau, du traitement des eaux usées, du dessalement de l'eau de mer (13 unités de dessalement de l'eau de mer sont prévues tout au long de la côte algérienne) qui sont autant de principes qui devront permettre à l'Algérie d'aborder les 20 prochaines années dans la sérénité. Ce véritable Plan national de l'eau devrait à long terme permettre à l'Algérie de rétablir, un tant soit peu, l'équilibre et lui donner de faire face à ses nombreux engagements pour le développement.