Les jardins du Centre culturel français accueilleront, le jeudi 25 septembre à 21h00, une belle soirée en hommage à Lili Boniche, un des derniers survivants de la culture judéo-arabe d'Algérie, qui s'est éteint dans la plus grande discrétion en mars 2008. Avec Salah Gaoua au chant, Varoujan Fau au luth et guitare électrique, Caroline Cuzin-Rambaud au violon et piano, Zami Mohammed au luth et gumbri et Bazou au mandole et à la guitare, le répertoire de Lili Boniche va entre revisité au grand bonheur des mélomanes et autres nostalgiques de cette période du music-hall. Lili Boniche contestait l'appellation «judéo-arabe»: «Est-ce qu'on dit d'un musulman qu'il joue de la musique islamo-arabe? Je joue de la musique arabe, un point c'est tout», déclarait cet artiste avant-gardiste. Star des années 30 et 40 à Alger comme à Paris, redécouvert dans les années 90, il a créé un style où se mêlent les sonorités typiques de la musique populaire algéroise: flamenco, arabo-andalou, paso-doble, mambo et tradition juive...Ses chansons en «francarabe» ont fait danser plusieurs générations de toutes confessions. Le plus sûr moyen de tuer une culture, c'est de la confiner. C'est ce que proclament haut et fort les chansons de Lili Boniche. Un credo que partage Salah Gaoua, ce World rocker nomade entre la colline croix-roussienne à Lyon et les monts de Kabylie, musique traditionnelle, classique, jazz, flamenco et chanson française. En résidence à Alger pendant quatre jours, il sera entouré de sept musiciens d'horizons géographiques et musicaux divers. De cette rencontre naîtront deux concerts inédits en hommage au crooner de la Casbah, dont les mélodies, que fredonnaient nos parents et grands-parents, persistent encore dans nos mémoires...Car sa musique rappelle toute une génération, un mode de vie révolu qui respirait la fête et le bien-être, même en temps de guerre. Il était ainsi le symbole de cette fraternité qui prouvait que juifs et musulmans pouvaient cohabiter en toute harmonie. C'était avant le temps du conservatisme et des idées rétrogrades d'aujourd'hui...Lili Boniche représentait aussi cet esprit d'ouverture et de tolérance.Un exemple à suivre car il était vrai tout simplement. Un artiste qui se donnait à coeur et à corps pour Alger et ses gens...