Rien à voir avec les minuscules livrets de «douaâtes» que propose la «biîtha» à chaque «maoussem». Il ne faut pas se voiler la face: quelle que soit la bonne volonté des pouvoirs publics, elle ne pourrait jamais se substituer à l'initiative individuelle surtout en matière spirituelle. Il manquait aux candidats au pèlerinage un guide capable de les accompagner à travers les différentes prescriptions du hadj et de les aider à mieux les accomplir; c'est désormais chose faite. L'institution de tutelle n'ayant pas jugé nécessaire de squatter de filon, «Sublime Mecque et Ultime Testament», le dernier ouvrage de Mohamed El Habib Ettayeb paru depuis peu à Oran, est certainement l'outil de référence qui faisait cruellement défaut dans le cas d'espèce. Il s'adresse directement aux profanes qui éprouvent d'énormes difficultés à se retrouver, une fois sur place. Rien à voir avec les minuscules livrets de «douaâtes» que propose la «biîtha» à chaque «maoussem». L'ouvrage est d'une tout autre trempe et d'une tout autre ambition. Sobre, dépouillé de toute fioriture inutile et d'une lecture extrêmement facile, ce livre ne propose ni plus ni moins qu'un voyage initiatique, au-delà de l'histoire et de la Sunna, du 5e pilier de 1'Islam. Tous les rituels, et surtout ceux dont on ne saisit pas tout à fait la portée ou si peu, sont expliqués et détaillés jusqu'à leur plus infime symbolique. Ainsi en est-il par exemple des «Mikats» auxquels les pèlerins ne font presque jamais attention. Il s'agit des frontières géographiques à partir desquelles le futur hadj est tenu de se purifier avant de vêtir sa tenue d'«Ihram». L'auteur pousse la précision jusqu'à en indiquer les limites territoriales selon que l'on vienne du Maghreb ou du Proche-Orient. A chaque station, que ce soit à Arafat. Mina, Mouzdallifah ou au Tawaf autour de la Kaâba (toujours dans le sens inverse des aiguilles d'une montre), l'écrivain, un magistrat de formation, marque une halte, souligne et conduit invariablement le lecteur à la profondeur sacrementielle de l'obligation. Hadith à l'appui. Sous une plume qui ne fait aucun cadeau à la complaisance, les sites qui jalonnent les Lieux Saints prennent de l'épaisseur, du relief et apparaissent dans toute leur splendeur comme si elles scintillaient en plein jour dans le désert aride d'Arabie. Et le Saint Coran n'en est que lumière. L'émerveillement est assuré de bout en bout dans cet immense palais de cristal qu'est l'Islam où 70.000 anges pour la première fois et la dernière fois de leur vie tournent autour de la Kaâba céleste, chaque jour que Dieu fait. A des milliards d'années-lumière de la Kaâba d'Abraham.