«Ces mineurs présentés comme des victimes sont, dans d'autres cas, auteurs de ce genre d'agression», explique Sihem Abrous. Etrange sort que celui qui frappe les mineurs. Cette frange vulnérable de la société se trouve, chaque jour, victime des harcèlements sexuels. Face à cette pratique «inhumaine» qui a pris des proportions alarmantes, les services de la Gendarmerie nationale tirent la sonnette d'alarme. Sur l'ensemble de 146 victimes enregistrées lors du 1er trimestre de l'année en cours, 112 n'ont pas encore atteint l'âge de 18 ans. C'est ce qu'a affirmé hier, la sous-lieutenant Siham Abrous, lors de la présentation d'une enquête au groupement de la Gendarmerie nationale à Chéraga. Qualifiant ce phénomène de puissant tsunami qui secoue les mineurs, la présentatrice de l'enquête a souligné que 85 victimes sont des garçons. La gent féminine, précise Mme Abrous, enregistre 61 cas. Qu'il s'agisse d'infractions relatives à la pudeur, de l'inceste ou, entre autres, d' enlèvement suivi de viol, les chiffres donnent le vertige, a relevé la présentatrice. «C'est une première étude de ce genre faite sur la base de plaintes déposées, soit par les victimes elles-mêmes soit par leurs parents, ainsi que, sur des chiffres communiqués par les patrouilles de la Gendarmerie nationale», précise la sous-lieutenant. Elle ajoutera: «Mes contacts avec les psychologues et sociologues n'ont pas abouti. Ils considèrent ces faits comme un sujet tabou.» L'année 2007 a connu une baisse par rapport à l'année précédente. En 2006, les brigadiers verts ont arrêté 1725 individus impliqués dans 1341 affaires d'harcèlement sexuel. Sur ce total, il est à noter que 752 mineurs ont été victimes en 2006. Avant que le chiffre ne passe à 716 durant l'année 2007. Qu'elle soit majeure ou mineure, la seule différence demeure en la victime elle-même. La Gendarmerie nationale a traité 1295 affaires où sont inclus 1524 mis en cause. La courbe des chiffres a connu un fléchissement important illustrant ainsi le travail d'arrache-pied effectué par les différentes sections de corps sécuritaire. Plus explicite, Mme Abrous a précisé que le nombre de poursuites judiciaires a connu une baisse considérable. «Il est passé de 1665 à 1524 poursuites», a-t-elle souligné, hier. Qui sont les auteurs de ces crimes quasi quotidiens? Chiffres à l'appui, notre interlocutrice a relevé que 1266 mis en cause se trouvent sans emploi. Cependant, ce chiffre s'élève à 1356 accusés en 2007. La situation socioéconomique déplorable que vivent ces individus est la cause majeure de l'apparition de tout genre d'actes violents. Ce qui est difficile à expliquer, c'est le cas des 151 fonctionnaires qui ont commis des harcèlements sexuels. Ce chiffre, faut-il le rappeler, a été enregistré en 2006, a précisé la sous-lieutenant. Les grandes villes du pays ne sont pas épargnées. La wilaya qui a enregistré le plus grand nombre de cas d'harcèlements sexuels est Oran. A une question de savoir comment reconnaître la personne ayant subi ce genre d'agressions, la sous- lieutenant Abrous n'y est pas allée de main morte pour donner plusieurs signes révélateurs. Il s'agit, entre autres, d'insomnie, de cauchemars, d'échecs scolaires, de perte d'appétit, de changement brusque de comportement, d'indifférence, de maux corporels... a souligné la présentatrice de l'étude. Par ailleurs, elle a expliqué qu'il existe un autre phénomène qui donne le tournis aux spécialistes en la matière. «Ces mineurs présentés comme des victimes sont, dans d'autres cas, auteurs d'harcèlement sexuel», explique Sihem Abrous.