Détresse sexuelle, perversion, délitement social, misère économique, que de maux dont les conséquences se comptent à la mesure des crimes et des délits noircissant des pages et des pages de statistiques aussi préoccupantes qu'effrayantes enregistrées par la Gendarmerie nationale. De toutes les victimes des innombrables actes criminels commis au fil des années, des mois et des jours, les mineurs passent en tête des chroniques comme un troupeau d'agneaux facile à mener à la tondeuse ou à l'abattoir. Les atteintes sexuelles sont celles qui touchent un nombre effrayant d'enfants algériens, ces dernières années. Pas moins de 716 mineurs ont été victimes d'atteintes et d'agressions sexuelles durant l'année 2007, comme souligné dans une étude établie par la Gendarmerie nationale. Si le nombre des atteintes sexuelles connaît une légère baisse par rapport à l'année 2006, qui avait recensé 752 cas, il reste que ce type de criminalité a largement et de loin franchi le seuil de l'intolérable. Il s'agit tout de même de 1295 affaires traitées, durant l'année 2007, liées aux atteintes sexuelles contre les mineurs qui ont mené à l'arrestation de 1524 individus dont 1306 écroués. Parmi les types d'agressions commises, la même étude fait état de 457 cas d'atteinte à la pudeur, contre 137 cas de viol et 104 autres d'incitation à la débauche. La gendarmerie dénombre aussi 12 cas d'inceste, 4 actes contre nature et 2 enlèvements suivis de viol. Dans un bilan des trois premiers mois de l'année 2008, l'étude relève la même tendance criminogène contre les mineurs avec un chiffre effarant de 179 agressions sexuelles. L'attentat à la pudeur arrive toujours en tête avec 112 mineurs victimes sur 146 cas enregistrés. Le viol arrive en seconde position avec 47 mineurs violés sur 78. 1 mineur a été victime d'inceste et 13 ont été victimes d'incitation à la débauche. Pour les cas d'enlèvement suivi de viol, la gendarmerie enregistre 9 cas dont 6 contre des mineurs. Outre la place de victimes, les mineurs sont aussi susceptibles de jouer le rôle de bourreaux. C'est ainsi que sur 377 agresseurs appréhendés durant l'année 2008, 79 ont moins de 18 ans. En termes de répartition des crimes par wilaya, l'étude de la Gendarmerie nationale montre que les wilayas du Nord sont majoritairement concernées, notamment Tlemcen, Oran, Oum El Bouaghi, Alger, Sétif, Tiaret, Blida, Aïn Defla, Batna, Guelma, Mostaganem, Skikda, Chlef, Tipaza et Mascara. « L'indice des violences contre les enfants a atteint un très haut niveau en Algérie, même si les chiffres que la gendarmerie dévoile chaque année sont en deçà de la réalité, notamment lorsqu'il s'agit d'atteintes sexuelles qui sont souvent passées sous silence lorsque les victimes ne vont pas les dénoncer », indique l'étude présentée par le lieutenant Abrous Sihem. Cette dernière précise dans son exposé que les crimes contre les enfants ont toujours existé, mais le poids du tabou les a laissé fleurir dans les tiroirs de la mémoire de la société algérienne, ce qui en soi est loin d'être un moyen sain de s'en défaire. Quand l'intégrité physique et morale de l'enfant est atteinte, nulle place à la culpabilisation de cet être fragile qui n'est pas en mesure de comprendre ce qui lui arrive eu égard à son jeune âge et à son développement psycho-sexuel. Il vit une période traumatisante qui nécessite un suivi psychologique adapté. Au-delà du constat, le gouvernement est appelé à réagir à travers des mécanismes de prévention afin de garantir aux jeunes enfants un environnement sûr et sain. Le danger est grandissant et les signaux sont au rouge.