L'interpellation de deux collégiens d'Amizour en plein cours, un certain 22 avril 2001, restera à jamais dans la mémoire des populations de la Basse Kabylie. Et pour cause! Leur arrestation a été le détonateur qui a mis le feu aux poudres d'une longue année de protestation dans cette région de Kabylie. En ce dimanche du mois d'avril 2001, la nouvelle de l'arrestation des collégiens en plein cours s'est propagée telle une traînée de poudre à travers les quatre coins de la région et avait donné lieu à une réaction virulente qui s'est poursuivie pendant plusieurs jours pour embraser le reste de la wilaya. Plusieurs édifices publics et privés avaient été saccagés et brûlés par des jeunes manifestants qui exprimaient leur colère face à la situation qui prévalait à l'époque. La réaction musclée des services de sécurité s'était soldée par plusieurs blessés dont certains ont rendu l'âme. A l'occasion de ce premier anniversaire, le comité local, en collaboration avec l'interwilayas, a concocté un programme qui, outre les expositions-photos et de coupures de presse, comprend une marche populaire aujourd'hui. Elle prendra son départ au lycée mixte de la ville jusqu'au centre-ville en passant par le pont d'Amizour qui sera, à l'occasion, rebaptisé «Pont du printemps noir». Une cérémonie de remise de médailles de reconnaissance aux deux collégiens et à leur enseignant est également prévue par les organisateurs. Un meeting se tiendra en clôture des festivités et sera animé par les délégués de l'interwilayas. Notons, par ailleurs, que la ville d'El-Kseur vit, depuis plus d'une semaine, au rythme d'échauffourées quotidiennes. Chaque jour, à partir de 16h, les jeunes se donnent rendez-vous au centre-ville pour une marche dont on sait qu'elle sera empêchée comme celle qui a déclenché ces derniers troubles. Les éléments des ser- vices antiémeutes, qui se replient dans le commissariat, sont immédiatement poursuivis par les jeunes. On assiste alors à des face-à-face parfois violents qui durent jusque tard dans la soirée. La violence a atteint son pic, jeudi dernier, lorsque les services de sécurité ont procédé à l'arrestation des manifestants dont un libéré dans l'heure qui a suivi.