Initialement «marocain», ce panorama a gagné, avec le temps, à élargir sa palette cinématographique, aux films de tout le Maghreb. Du 10 au 13 avril prochain, la salle Ecran de Saint Denis (Paris) accueillera un ensemble de films maghrébins, entre anciens et récents pour faire un tour d'horizon de cette cinématographie si riche et comme diraient les organisateurs, afin d'«explorer et tisser des liens avec une cinématographie complexe qui s'invente entre plusieurs pays et qui trouve son inspiration, à la fois dans le monde contemporain et dans la permanence de son identité». Il s'agit aussi de «parier sur sa capacité à transformer une perception parfois caricaturale de la culture musulmane et arabe». Cet événement se donne comme gageure de miser sur des productions de plus en plus importantes, une nouvelle vague de cinéastes talentueux venant du Maroc, d'Algérie, de Tunisie -et aussi des diasporas dans le monde- de par des films qui sont de plus en plus présents dans les festivals internationaux et qui sont régulièrement récompensés. Leur assurer ainsi plus de visibilité outre-.mer est, entre autres, l'objectif tracé par ce Panorama. Cette année, l'Algérie sera présente avec pas moins de six longs métrages. Il s'agit de Arezki l'Indigène de Djamel Bendeddouche (fiction). Un film qui raconte l'épopée de ce bandit d'honneur qui défendit ses terres, du temps de l'indigénat et ne se laissa jamais faire par l'ennemi français. (en présence du réalisateur). Nous revisiterons aussi la légende de Mimezane ou la Fille aux tresses de Ali Mouzaoui dont le réalisateur nous contera les secrets de cette belle histoire pittoresque. A voir petits et grands Le Voyage de Nadia de Carmen Garcia, Nadia Zouaoui est un documentaire que les Algériens ne connaissent pas, hormis le public de Sétif qui a eu la chance de l'apprécier lors du dernier Festival du film amazigh qui s'est déroulé du 9 au 13 janvier dernier. Le public parisien, lui aussi, fortement cosmopolite, ne manquera pas d'apprécier également le film documentaire Amina ou la confusion des sentiments de Laurette Mokrani. La projection sera marquée par la présence de la jeune fille, «sujet» du documentaire, Amina Touidjine. Enfin considéré comme un film fondateur du cinéma algérien et un des trésors de notre patrimoine Le Charbonnier de Mohamed Bouamari, récemment disparu, sera projeté à la cérémonie d'ouverture de cette 3e édition du Panorama du film du Maghreb. Côté court métrage, on n'omettra pas de signaler le film Les Baies d'Alger de Hassen Ferhani, qui concourra pour le Prix du meilleur film. Un titre qui sera désigné par un jury composé de jeunes lycéens, parrainés par Boualem Guerdjou dont le film Vivre au Paradis figure également au programme aux côtés de Le Gone du Chaâba de Christophe Ruggia, d'après le livre de Azouz Begag. «Le Panorama du film du Maghreb» c'est aussi un forum et une table ronde ouverte au public: «Cinéma du Maghreb: miroir de la société arabe? Multiplicité de formes, diversité de regard et d'écriture, les films du Maghreb nous emmènent dans une vision kaléidoscopique du monde arabe. Parce que le cinéma est aussi le miroir de nos sociétés, les cinémas du Maghreb nous renvoient des images qui invoquent et racontent ce monde arabe d'aujourd'hui. En quoi ces représentations fabriquent-elles de l'imaginaire, individuel et collectif? Comment nous parlent-elles d'une histoire en train de se faire? Que nous apprennent les cinémas du Maghreb, et en particulier sur nous-mêmes?» C'est à quoi tenteront de répondre les invités de ce Panorama entre spécialistes, passionnés de cinéma ou simples amateurs. Aussi, une tente caïdale avec salon de thé oriental, sera dressée en face du cinéma, de façon à constituer un lieu de rencontre convivial entre les professionnels et le public et accueillir les tables rondes. Enfin, trois concerts exceptionnels seront animés par La chanteuse Naziha Meftah, (la Piaf orientale), le groupe Meja (musique sud marocaine, berbère, gnawa) et la grande comédienne et chanteuse Fettouma Bouamari (veuve de Mohamed Bouamari) qui viendront déployer tout leur talent et entraîner le public dans leur univers. Bref, une manifestation rassembleuse, qui fera se rencontrer des gens toutes tendances artistiques confondues, sans distinction de race, de couleur ou de religion, dans un véritable esprit de partage et d'altérité. A saluer!