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La noblesse de chanter l'amour
Publié dans L'Expression le 10 - 04 - 2008

«Je suis sensible aux problèmes des gens et du pays.»
L'amour est un tabou dans notre société. Sous le règne de la peur, on procède souvent à la dissimulation des choses et des sentiments. Car la culture de la condamnation encercle l'amour et les traditions; les moeurs et la religion stipulent que la rencontre d'un homme et d'une femme, qui ne sont ni parents ni mariés, est un péché. Alors l'amour est interdit.
Le premier combat de Lounis est dans ce sens, il passe tout à coup du rang de campagnard à celui d'artiste avec ses souffrances; il crée un lien pour se sentir plus fort et chacun joue son rôle, on accepte ce qu'il donne: beauté des textes, douleur des mots, mélodies sensibles...On prend parce qu'on a besoin, on prend parce qu'on en a besoin aussi, parce que comme lui, nous subissons le même sort. Pour certains, c'est un soulagement, pour d'autres, c'est la renaissance. Après les années d'or, comme aiment les nommer les gens de sa génération, vers les débuts des années 80, Aït Menguellet s'est retrouvé malgré lui en avant-garde. Il s'explique: «Je suis sensible aux problèmes des gens et du pays.» Le poète n'est pas seulement l'être humain, ses textes ne relèvent pas seulement de son humanité et de sa fragilité, mais ils sont aussi un témoignage de notre société, une empreinte pour ceux qui voudraient l'oublier...Il va droit au coeur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents. Observateur averti, il énonce des réalités et dénonce des injustices. Tout en posant des questions sur l'avenir, il se remet en question et interpelle les consciences.
D'ailleurs, Lounis Aït Menguellet n'a jamais quitté son pays, il est toujours là quand on a besoin de lui. De sa propre expérience à la vie politique, sociale et culturelle, il nous transmet ses idées, ses doutes, ses colères aussi, parfois...comme le ferait un homme politique en campagne sauf qu'il s'agit là du cas de Lounis. Il s'est désintéressé...«sans être un porte-drapeau, aucun ne me convient d'ailleurs», nous fait-il savoir. Il dit ce qu'il pense au moment où il pense, parfois à fleur de peau, trop peut-être mais toujours avec justesse. C'est un homme avisé, qui sait dans quelle société il évolue, il a le regard malicieux...en tant que témoin et citoyen dans la société.
Aït Menguellet n'hésite pas à prendre position pour défendre ce qu'il croit juste ou ce qu'il croit nécessaire. Ces attitudes lui ont valu des critiques virulentes, pourquoi? Parce qu'il est citoyen avec une notoriété particulière.
Enfin, son public le glorifie, puisqu'il l'accompagne depuis 40 années déjà.


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