Rien que pour le premier trimestre 2008, 1328 individus impliqués dans 833 affaires de trafic de drogue ont été arrêtés. Le phénomène de drogue sévit de plus en plus en Algérie. Les statistiques sont alarmantes. Durant le premier trimestre de l'année en cours, les différentes sections de la Gendarmerie nationale ont saisi une quantité dépassant les 4910kg de kif traité, soit une augmentation de 592%. De quoi donner le tournis. Ces statistiques ont été annoncées hier, par le lieutenant Ahmed Aïdat, lors de la présentation d'une étude analytique sur la drogue en Algérie. En outre, ces mêmes sections ont découvert 17.466 plants d'opium. Apparemment, la thèse selon laquelle l'Algérie est en passe de devenir un pays producteur de cette substance se précise au fil du temps. Plus explicite, le lieutenant Ahmed Aïdat a précisé que les statistiques font état de 833 affaires de drogue enregistrées durant le 1er trimestre 2008. Soit, précise l'auteur de cette étude, une augmentation de 22% comparativement à la même période de l'année précédente. Impliquées dans la commercialisation de cette substance, «1328 personnes ont été arrêtées. Parmi elles 16 relèvent de la gent féminine», a précisé Ahmed Aïdat. Les wilayas d'Adrar, Béchar, Tlemcen...et Aïn Témouchent sont, entre autres, les plus touchées par ce fléau social. Face à ces quantités immenses saisies par les brigadiers verts, d'autres épiphénomènes plus graves sont bel et bien existants en Algérie. La consommation de la drogue a touché même les écoles primaires. Calamiteux! Le terme n'est pas assez fort pour expliquer cette situation préoccupante. L'information est tombée tel un couperet. «Il y a deux jours, une quantité de deux kilos a été trouvée dans une école primaire dans la wilaya de Aïn Témouchent», a révélé, hier, à la presse, le colonel Ayoub chef de cellule de communication au commandement de la Gendarmerie nationale, en marge de la présentation de l'étude analytique. Agissant sur renseignements, les brigadiers verts, en éveil permanent pour «dépoussiérer» les établissements scolaires de tout genre de stupéfiants, ont été surpris par l'amère réalité. La situation a atteint son paroxysme. La drogue en milieu scolaire, donne du fil à retordre aux gendarmes. Ces derniers ont multiplié leurs campagnes de sensibilisation, depuis environ deux ans. Lorsqu'une «enquête menée au niveau des lycées d'Alger a dévoilé que sur 500 lycéens, 45% d'entre eux ont goûté à cette substance», a précisé le colonel Ayoub. Voulant que son message ait l'écho escompté, il appelle les parents à «suivre intelligemment leurs enfants.» Par ailleurs, il convient de souligner que la consommation de drogue a, indirectement, favorisé la recrudescence de la criminalité en Algérie. Face à ce mal, «la Gendarmerie nationale compte installer 10 cellules pour étudier la carte de criminalité», a poursuivi le chef de cellule de communication. Ces cellules, faut-il-le préciser, sont destinées à lutter contre la petite délinquance. S'agissant des barons de la drogue, a encore précisé le colonel, «un autre dispositif est mis en place.» Sachant que leur mission est loin d'être des plus aisées, les services de la Gendarmerie nationale ont entamé une batterie de projets devant leur permettre d'endiguer ces maux profondément implantés dans notre société. Le projet de réalisation de l'Institut national de criminalistique et de criminologie (Incc), en cours, en est la parfaite illustration. Des empreintes chimiques de drogue y seront testées et identifiées. Ainsi, dira le colonel Ayoub «nous pourrons interpeller à l'échelle internationale, les pays qui tentent de faire passer de grosses quantités de drogue via l'Algérie.» Et de poursuivre qu'un autre projet est en cours de réalisation pour sécuriser les frontières. Le projet «consiste à mettre en place au niveau de tout le contour frontalier du territoire de l'Algérie, des capteurs, des radars et des caméras de surveillance permettant la transmission des données en temps réel, aux commandements mobiles de la garde-frontière devant intervenir pour traquer d'éventuels suspects», explique le colonel. En sus de l'Incc, il convient de préciser qu'un Service central des investigations criminelles est fonctionnel depuis trois mois. «Nos interventions seront de plus en plus efficaces», enchaîne le colonel.