Selon certaines sources, les opérateurs pourraient saisir par écrit l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt). La dernière sortie de M.Haïchour est traduite par les trois opérateurs comme un signe positif, un véritable appel du pied qui les incite à garder bon espoir quant à l'issue favorable de l'opération d'identification des puces anonymes actuellement en cours. Mais, à en croire certaines sources, la déclaration du patron des télécoms, bien qu'elle soit rassurante est loin de les satisfaire. Puisque, apprend-on, les acteurs de la téléphonie mobile, sont, actuellement, sur le pied de guerre et déploient tout un arsenal de «diplomatie» afin d'amener les décideurs de l'autorité de régulation à tempérer leur ardeur visant à annihiler les puces sans propriétaires reconnus, autrement dit, à prolonger les délais de cette action de nettoiement. A ce titre, certains, dans un esprit de bons offices, entendent se réunir avec les représentants de l'Arpt, sinon saisir par écrit cette dernière dans le but de «mieux sécuriser l'opération», c'est-à-dire faire en sorte de ne pas accuser une perte sèche de clients dont le seul tort aura été d'acheter des puces dans des boutiques affranchies de toute obligation de contrat devant les lier aux citoyens, notamment dans les régions les plus reculées du territoire. Dans cette course contre la montre, l'opérateur à la bannière étoilée, Nedjma, déclare seulement 10% d'utilisateurs qui seraient détenteurs de puces non identifiées. Ces outsiders, explique Ramdane Djezaïri, directeur de communication à Nedjma, se seraient approvisionnés hors des 35 boutiques de Watanyia Télécoms. Mais il rassure, rappelant les propos énoncés par Joseph Ged, patron de Nedjma, que près de 10.000 clients/ jour parviennent vaille, que vaille à régulariser leur situation avant la date butoir initialement avancée. Signalons que Nedjma souhaite voir les délais de cette procédure brutale prorogés de deux mois. Néanmoins, il est clair que tous les opérateurs sont d'accord sur le principe de suspendre les lignes suspectes et anonymes, ce qui est en soit une mesure très attendue puisqu'elle vise à mettre hors d'état de fonctionnement des milliers de lignes téléphoniques, acquises par leurs propriétaires sans contrat préétabli et souvent utilisées par les pervers et les terroristes. Aussi, l'opérateur historique Mobilis qui a entamé sa propre opération «d'assainissement» bien avant l'annonce officielle de M.Belfodil, juge les délais non encore assez suffisants pour mener à bien une aussi ambitieuse entreprise. Jusqu'à présent, révèle M.Daâs du département des relations extérieures à Mobilis, 800.000 clients ont été identifiés sur un pourcentage total de près de 20%. Soit 1,8 à 2 millions de clients sur un total de 9 millions d'abonnés. Selon notre interlocuteur, il est encore difficile pour Mobilis d'estimer, pour l'instant, le nombre exact des personnes qui transitent quotidiennement par quelque 96 agences disséminées à travers le territoire national dans la perspective de régulariser leur situation. Ce responsable poursuit que l'identification des clients et leur régularisation grâce au moyen des sms ou de l'Internet seraient tout simplement un coup d'épée dans l'eau pour la simple raison qu'elles ne permettent pas une réelle traçabilité des personnes. Pour le moment, Mobilis enregistre des pics de 1000 contrats de normalisation de puces établis par jour. En guise d'encouragement aux milliers de clients qui se présentent à ses guichets, Mobilis offre un bonus de recharge. Notons que le département de M.Belfodil a notifié à la direction de M.Belharrat (P-dg de Mobilis), il y a quinze jours de cela, que l'opération d'identification des puces tirait à sa fin. Et au rythme où vont les choses, Mobilis n'a d'autre choix que de demander par écrit un ultime délai de grâce, afin d'honorer un pari dont les enjeux sont d'ordre économique et sécuritaire. Car, rappelons-le, à la fin de février dernier, le président du conseil de l'Arpt, M.Mohamed Belfodil avait sommé les opérateurs de la téléphonie mobile d'identifier, avant la fin du mois d'avril l'ensemble de leurs abonnés, faute de quoi «les puces téléphoniques non identifiées seront suspendues». M.Belfodil a, néanmoins, précisé que c'est «une procédure qui a été élaborée en collaboration avec l'ensemble des opérateurs afin de pallier au phénomène des puces non identifiées», ajoutant que «l'ARPT n'a pas usé de méthodes brutales jusqu'à présent, en raison des priorités économiques». De son côté, M.Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication vient de déclarer: «S'il sera nécessaire de proroger cette échéance, (fixée pour le 1er mai prochain), nous le ferons, l'essentiel c'est d'identifier l'ensemble des puces anonymes», a-t-il indiqué, en marge d'une cérémonie de signature d'une convention entre Algérie Télécom et les Scouts musulmans algériens (SMA), à Alger. En somme, l'opération de régularisation des puces concernerait quelque 5 millions d'abonnés. A l'heure où nous mettons sous presse, et qu'un conseil marathon se tient au siège de l'Arpt, d'interminables queues se constituent devant les fronts offices des opérateurs. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes font le pied de grue devant les agences des opérateurs. Ces dernières rappellent étrangement les interminables processions humaines qui faisaient le décor du chemin Gaddouche à Hydra, en vue de l'obtention d'un visa Schengen.