Le baril a établi un autre record hier: 117,81 dollars à New York. «Trop cher pour tout le monde», estime l'AIE. C'est de nouveau l'affolement: la hausse exceptionnelle des prix du baril de pétrole met sens dessus dessous les pays consommateurs et les compagnies pétrolières internationales. Ils admettent leur impuissance face à la flambée des prix de l'or noir qui a encore établi de nouveaux records hier. Le baril de Brent de la mer du Nord a affiché 114,86 dollars à Londres tandis que le «Light sweet crude» coûtait 117,81 dollars pendant les échanges électroniques à New York. Les causes invoquées de cette nouvelle envolée sont le refus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole d'augmenter davantage sa production et l'effritement ininterrompu de la devise américaine devant sa rivale européenne, l'euro. L'Opep est en effet restée inflexible devant les sollicitations des pays consommateurs. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'Opep, «n'a pas besoin d'augmenter sa production dans l'immédiat», avait déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil depuis le Koweït, où il était en visite officielle. Le président de l'Opep a désigné sans détours les responsables de cette envolée des prix de l'or noir. Crise économique américaine et déclin du billet vert américain font la part belle au baril de pétrole. Ils poussent les investisseurs à la spéculation sur les matières premières. M.Chakib Khelil a estimé que de toute façon, «toute hausse de la production serait sans incidence sur les prix, car il y a équilibre entre l'offre et la demande». Cette thèse soutenue par le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole est d'ailleurs confortée par les prévisions de l'AIE. L'Agence internationale de l'énergie, qui pourtant défend les intérêts des pays consommateurs, a revu à la baisse pour le troisième mois consécutif ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour l'année 2008. Le ralentissement économique en est la cause. Pour Ali Nouaïmi, toutes ces gesticulations n'ont rien à voir avec le problème de l'approvisionnement du marché. «Aujourd'hui, il n'y a aucune raison de s'agiter et de dire nous allons mettre plus de pétrole sur le marché car les demandes des pays consommateurs sont probablement motivées par des raisons politiques plutôt que par un besoin fondamental», a souligné le ministre saoudien du Pétrole. Et les pays membres de l'Organisation (Opep) qu'en pensent-ils? «Nous avons augmenté la production l'an dernier, et les prix ont continué leur hausse», a rappelé le président de l'Opep, M.Chakib Khelil. L'Opep avait augmenté sa production, en septembre 2007, de 500.000 barils par jour. L'or noir a engrangé tout de même une hausse d'environ 40 dollars malgré tout. Ahmadinejad, le président de la République islamique d'Iran, a estimé que le baril n'était pas assez cher. Les «faucons de l'Opep» (Iran, Venezuela) sont sans pitié. Ils ont un ennemi commun: l'administration Bush. «Je pense que les prix vont continuer à monter», a estimé pour sa part, M.Choukri Ghanem, le président de la compagnie libyenne de pétrole qui fait aussi fonction de ministre. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'est, en somme, responsable en rien dans la flambée des cours du baril de l'or noir. Elle s'en lave même les mains. L'AIE, qui n'a eu de cesse de presser l'Opep pour augmenter sa production, croise désormais les doigts pour qu'elle la maintienne. «Si les pays producteurs maintiennent leur offre à son niveau actuel, cela permettra aux stocks de se reconstituer», a estimé M.Tanaka, directeur général de l'AIE qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse à Rome, en marge du Forum international de l'énergie.