Après une orientation à la baisse constatée durant la semaine de la mi-mai, les cours du pétrole ont repris leur mouvement haussier au-dessus de la barre des 70 dollars le baril. Jeudi 18 mai, les cours du pétrole avaient baissé autour des 68 dollars le baril aussi bien à New York qu'à Londres. Le niveau le plus bas constaté depuis plus d'un mois. Ce recul survenait après l'annonce de l'augmentation des stocks hebdomadaires américains d'essence pour la troisième semaine consécutive. Cette augmentation avait rassuré les marchés sur la disponibilité de l'essence à la veille de la saison des départs en vacances aux Etats-Unis. Les rapports mensuels de l'Agence Internationale de l'Energie et de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole ont aussi contribué à ce recul. Dans son rapport mensuel du mois de mai l'AIE a revu à la baisse sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2006 à 1,5 % contre une prévision de 1,8 % le mois dernier. Dans son rapport l'Agence a estimé aussi que les prix élevés du pétrole avaient eu un impact dans la plupart des pays consommateurs et notamment aux Etats-Unis. Pour l'Agence de l'Energie, la demande de la Chine devrait augmenter de 5,3 % en 2006. Les prévisions de l'Opep sont plus élevées en matière de demande. Le rapport du mois de mai de l'Organisation a évalué lui aussi à la baisse la croissance de la demande pétrolière mondiale, mais le pourcentage est plus élevé que celui de l'AIE. Pour l'Opep l'estimation de cette augmentation est de 1,65 % contre 1,72 % le mois dernier. Dans son rapport, l'Opep a estimé que les prix élevés du pétrole ont contribué à un ralentissement de la demande principalement dans les pays développés et spécialement dans les pays où les subventions ont été réduites. Ce constat est lié aussi au rapport rendu public aux Etats-Unis et qui a fait état d'une hausse des prix à la consommation. Une hausse qui pourrait conduire à de nouvelles augmentations des taux d'intérêt avec un impact sur la croissance et un ralentissement de la demande en produits pétroliers. La baisse des cours s'est poursuivie durant plusieurs jours avant que de nouveaux facteurs haussiers ne les fassent remonter. Lundi 22 mai, les cours à Londres et à New York restaient inférieurs à 68 dollars le baril. La hausse des stocks d'essence et une prévision de recul de la demande renforçaient la tendance baissière. Le Centre for Global Energy Studies (CGES) de l'ancien ministre saoudien du Pétrole, Cheikh Zaki Yamani est allé dans ce sens en estimant qu' " un ralentissement de la croissance de la demande pétrolière et une progression des capacités de production comme de raffinage pourraient faire pression sur les cours du brut à moyen terme. Le CGES a estimé dans son rapport du mois de mai que " les prix élevés du pétrole rongent la croissance de la demande et les entreprises ont de plus en plus de difficultés à absorber une énergie toujours plus chère, ce qui fait craindre une montée de l'inflation et une hausse des taux d'intérêts à travers le monde ". Parmi les scénarios élaborés, le CGES prévoit un baril de Brent à 64,10 dollars en moyenne au premier trimestre 2007, contre un baril à 69,3 dollars au deuxième trimestre de cette année. Pour le scénario de bas prix et dans le cas où il y a un net renflouement des stocks mondiaux, le CGES prévoit un baril de Brent à 37,5 dollars au début de l'année 2007. Les cours ont repris leur mouvement haussier au milieu de la semaine passée lorsque le Centre National des ouragans a rendu public un rapport alarmant et qui prévoit une saison des ouragans très active. Le rapport rendu public lundi prévoit la formation d'au moins 10 cyclones dans l'Atlantique dont 4 pourraient toucher les Etats-Unis. Selon le centre, la saison 2006 sera très active avec des prévisions de 13 à 16 tempêtes et entre 8 et 10 cyclones dont la moitié environ seraient majeurs. La saison des ouragans débute le 1er juin et doit s'achever à la fin du mois de novembre. Les ouragans Katrina et Rita avaient provoqué de véritables catastrophes sur les installations pétrolières du Golfe du Mexique l'année dernière. Il a fallu la mobilisation des réserves stratégiques des pays membres de l'Agence Internationale de l'Energie pour éviter la pénurie en produits pétroliers. Près de 60 millions de barils ont été mobilisés à raison de 2 mbj. Ce qui a stoppé la hausse des prix et a maintenu le baril de pétrole brut à moins de 80 dollars le baril. Vendredi, les prix ont clôturé la semaine au-dessus du seuil des 70 dollars le baril. A New York, le le light sweet crude a terminé à 71,37 dollars le baril. Tandis qu'à Londres le brent était coté à 70,15 dollars le baril. Les facteurs géopolitiques et la crainte des ouragans aux Etats-Unis devraient maintenir les prix à ce niveau durant les semaines qui viennent.