Le club catalan était parti pour tout gagner, il en ressort complètement dénudé. La saison du FC Barcelone, présentée en août comme une super-production hollywoodienne, «Les Quatre Fantastiques» (Eto'o, Messi, Ronaldinho, Henry), qui devait moissonner les Oscars, s'est achevée sur un échec à Manchester. Eliminé par United en demi-finale retour de Ligue des champions (0-1, 0-0 à l'aller), le Barça ne gagnera rien pour la deuxième année d'affilée: impensable pour un club de ce rang qui pourrait en outre, suprême humiliation, devoir faire une haie d'honneur au Real Madrid (vacciné lui de sa période «Galactiques») pour le «Clasico» de la Liga (36e journée) si celui-ci est sacré champion d'Espagne ce week-end (35e j.), ce qui est probable...Terrible générique de fin pour les quatre stars en question, qui n'ont jamais vraiment joué ensemble. La saison 2007-2008 est un four, un «fantastique four». C'est bien l'avis des -nombreux- supporteurs catalans venus à Old Trafford. Certains ont déployé des banderoles «Laporta fora!» (Joan «Laporta dehors!», en catalan) avant même le coup d'envoi, alors que le Barça restait en course pour la finale de la C1. Le principal reproche adressé au président blaugrana reste la gestion de son Marlon Brando: la diva Ronaldinho. Il l'a toujours protégé, défendant ses absences aux entraînements, ses rondeurs peu compatibles avec le haut niveau, et son rythme de vie. La vie nocturne agitée de «Ronnie» ne regardait que lui tant qu'il crevait l'écran. Mais depuis une saison et demie, le Brésilien n'est plus sur le terrain cet acteur génial au sourire tout en dents à la Jim Carrey. Officiellement, il est blessé. Mais que ses blessures soient surtout diplomatiques reste le secret le moins bien gardé de la Catalogne. Plus personne ne semble vouloir de lui au Barça. Même son entraîneur Frank Rijkaard, plusieurs fois nominé pour l'Oscar de la langue de bois, a reconnu à demi-mots deux jours avant le match que le Ballon d'Or 2006 allait partir (Inter? AC Milan? Angleterre?). Et les autres «Fantasticos»? Thierry Henry n'a jamais trouvé sa place à Barcelone, ni sur le terrain ni dans les coeurs des socios. Entré pour la dernière demi-heure à Old Trafford, il a pourtant eu deux occasions, comme à l'aller. Henry a déjà beaucoup pesté contre sa position d'ailier gauche qui lui fait perdre ses repères d'attaquant de pointe. C'était visible sur sa tête piquée envoyée sur van der Sar. Samuel Eto'o, indéboulonnable pointe, a joué mardi comme un vieil acteur cabotin. Le Camerounais n'a fait aucune différence balle au pied et n'a jamais trouvé ses partenaires. Seul «Fantastique» digne de son rang à Old Trafford, Lionel Messi était trop juste physiquement (blessé à la cuisse gauche du 4 mars au 10 avril) pour tenir seul la scène. Il pourrait être l'unique «Fantastique» -le «Superman»?- du Barça la saison prochaine, celle du renouveau, sans doute sans Rijkaard, même si le Néerlandais affirme qu'il veut rester. Avec ou sans lui, le FCB doit se remettre au travail pour retrouver le jeu chatoyant qui l'avait conduit à remporter deux Ligas (2005, 2006) et une C1 (2006). L'ex-entraîneur français Raynald Denoueix, champion de France 2001 avec Nantes, expliquait dans les couloirs d'Old Trafford pourquoi le Barça avait mérité son sort: «Ils auraient pu égaliser et se qualifier, mais ils n'ont pas respecté le jeu. Et quand tu ne respectes pas le jeu...»