Les familles des disparus souhaitent que le recensement général de la population et de l'habitat 2008 fasse la lumière sur ce dossier tragique resté en suspens. Les familles de disparus sont dans l'attente des résultats du 5e recensement général de la population et de l'habitat, Rgph-2008, pour établir le nombre de personnes disparues au cours de la tragédie nationale. «Le chiffre officiel de 6150 disparus ne reflète pas la réalité», a affirmé hier la secrétaire générale de l'Association nationale des familles de disparus, Anfd, Mme Dalila Kouidri. Un constat qui s'applique aussi aux chiffres avancés par d'autres organisations nationales ou internationales, ajoutera-t-elle. «Personne ne connaît actuellement le nombre exact de disparus.» Et pour remédier à ce manque de fiabilité des données caractérisant ce dossier tragique, elle fera part du souhait des familles des disparus de voir «le recensement de la population faire la lumière sur ce dossier resté en suspens». Le Questionnaire communautaire et de proximité du Rgph-2008, notera notre interlocutrice, comporte des questions portant sur le nombre de personnes ayant «quitté» leurs familles et les raisons qui les ont incitées ou poussées à le faire. Réagissant aux récentes déclarations de Merouane Azzi, le chargé de la cellule «réconciliation nationale» auprès de la cour d'Alger qui a fait état du règlement de 90% des cas, elle estimera qu'un nombre important de dossiers reste pendant et beaucoup de familles n'ont pas été indemnisées. La secrétaire générale de l'Anfd indiquera à ce sujet, que les familles de disparus souhaitent l'augmentation des indemnisations qui leurs sont accordées dans le cadre de la mise en application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Les familles concernées, rappellera-t-elle, touchent une somme globale de 1,8 million de dinars pour les disparus célibataires et une mensualité de 16.000DA. Cette dernière est distribuée entre les membres de la famille suivant les préceptes de la législation musulmane (charia), précisera notre interlocutrice. Ceci, après avoir souligné que «quelle que soit l'indemnité, elle reste symbolique puisqu'elle ne pourra jamais représenter la valeur d'un être humain». La secrétaire générale d'Anfd tiendra à expliquer que son association ne rejette pas ces indemnisations qui constituent quand même un acquis qu'elle voudrait revaloriser. Dalila Kouidri abordera également le cas des disparus ayant accumulé une vingtaine d'années de travail mais dont les familles ont été privées de leurs droits en ce qui concerne la retraite. Citant des cas recensés à Cherchell, dans la wilaya de Tipaza, elle précisera que lesdites familles bénéficient uniquement des indemnités précitées. L'autre point qui reste toujours d'actualité est inhérent à la «vérité». Mme Dalila Kouidri indiquera que les familles des disparus attendent toujours la levée du voile sur les circonstances à l'origine de la disparition des siens. Il s'agit entre autres, des lieux et des dates de la mort de «disparus» abattus au maquis. Plusieurs familles ont d'ailleurs rejeté les indemnités et continuent de réclamer la vérité sur la disparition des leurs. Notre interlocutrice ne manquera pas de dénoncer l'exclusion dont font l'objet les associations de familles de disparus. «Comment peut-on tenir des rencontres et autres débats au sujet de la réconciliation nationale et le dossier des disparus sans qu'on associe les premiers concernés?», s'est-elle interrogée.