Le silence de Adami sur la présence de repentis sur ses listes était très éloquent. Le secrétaire général du mouvement Ennahda, Lahbib Adami, a animé jeudi dernier une conférence de presse à l'hôtel Es-Safir. Ce rendez-vous avec la presse, croit-on savoir, était motivé par la rencontre qu'avait tenue hier, Adami avec les têtes des listes de candidat de son parti. Nous avons, ainsi, pu apprendre de prime abord que ce parti sera absent en Kabylie, à Tizi Ouzou et à Béjaïa du moins. Ses candidats se sont retirés sans prévenir leur direction face au risque de se faire mettre en quarantaine. Ennahda, qui doit savoir sur quelles régions « lorgner », n'a pas jugé utile de les remplacer. En revanche, ce parti, qui s'était fait discret depuis des semaines, semble avoir rondement mené ses affaires puisqu'il sera présent, a déclaré le conférencier, dans les 46 autres wilayas du pays. Il est, en outre, demeuré fort discret sur le plan et le programme de campagne, même s'il ne dédaigne guère l'étiquette islamiste qui colle à son parti. Et comment pourrait-il en être autrement lorsque Adami, en fin stratège, a habilement éludé une question relative à la présence ou pas de repentis et d'anciens cadres du parti dissous dans ses listes? Il s'est, en effet, juste contenté de déclarer péremptoirement que «tous les candidats du mouvement Ennahda jouissent de leurs droits civiques.» Pour qui sait que les bénéficiaires de la loi sur la concorde civile et du décret portant grâce amnistiante entrent dans cette catégorie de «citoyens modèles», le message est on ne peut plus clair. Ennahda compte bel et bien jouer à fond la carte de l'islamisme politique, et rafler un maximum de sièges avec l'appui de ce qui reste de l'électorat de l'ex-FIS. C'est d'autant plus plausible que Adami a reconnu que le quart de ses candidats est étrangers au parti (sic). Il ajoutera que sa plus grande crainte est de voir certaines de ses têtes de listes rejetées par les Drag de wilaya? (re-sic). Adami, en outre, a éludé toutes les questions relatives à la différence pouvant exister entre son parti et celui de l'ancien leader d'Ennahda, Saâd Abdallah Djaballah. Il se contentera juste de déclarer qu'en démocratie chacun est libre d'activer dans le parti de son choix en défendant les idées qui lui siéent le mieux. Pour finir, Adami affirmera faire confiance aux diverses instances mises en place et/ou existantes en charge de la parfaite régularité du scrutin du 30 mai prochain.