L'orientation aléatoire des bacheliers, le manque d'encadrement, mais aussi le manque d'échanges sur les expériences qui se font ailleurs, sont à l'origine des maux de cette filière. La filière d'interprétation et de traduction a été passée au crible, hier, lors de l'ouverture des journées d'étude organisées par l'université d'Alger au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Alger. Accostée en marge de cette rencontre, Mme Fatma-Zohra Ferchouli, chef de département d'interprétariat et de traduction, a affirmé que «la situation n'est pas précaire». Elle a aussi insisté sur le fait que «beaucoup d'étudiants licenciés ont acquis des connaissances lors de leur formation et se sont très vite améliorés». Selon elle, le problème se situe dans la formation elle même. Aussi, a-t-elle relevé des carences, notamment dans les programmes, car «si on introduisait de nouveaux critères à cette formation, les étudiants seraient mieux formés pour être de bons traducteurs. Ainsi, à l'issue de la licence, ils pourront continuer dans la langue qu'ils maîtrisent le mieux» a-t-elle soutenu. Mme Bany Amiri, Dr d'Etat en traduction et interprétariat était aussi du même avis. «Certes, la situation n'est pas précaire, mais le vrai problème se pose au niveau des conditions de l'enseignement; le grand nombre d'étudiants, le manque de matériel et de salles, font que la formation prodiguée reste moyenne», a-t-elle dit. «Cela se traduit surtout par le manque de compétence des licenciés», a-t-elle ajouté. Le Dr Ali Tablit, maître de conférence à l'université d'Alger n'a pas relativisé les choses comme ses collègues. Il est d'un tout autre avis. Selon lui, l'orientation aléatoire des bacheliers, le manque d'encadrement, mais aussi le manque d'échanges sur les expériences qui se font ailleurs, sont à l'origine des maux de cette filière. «C'est pour ces raisons que les licenciés ne sont pas employés par les sociétés algériennes qui, compte tenu des circonstances, doutent de leurs compétences.» Il a ajouté que «le système de formation actuel n'est pas adapté à la réalité de la mondialisation». Aussi, évoquant l'emploi des traducteurs et interprètes dans le secteur de l'enseignement, M.Tablit a précisé que «avoir une connaissance de la méthodologie, une bonne expérience dans le domaine et être titulaire d'un magistère qui, soit dit en passant, n'est plus accessible aux personnes ayant plus de 28 ans, sont des conditions indispensables». Ces dernières marginalisent davantage les traducteurs et interprètes du domaine professionnel. Cette manifestation scientifique, unique en son genre depuis la création de cette filière, est une opportunité pour poser les vrais problèmes et réfléchir à des solutions adéquates qui garantiront un meilleur avenir pour cette dernière et surtout pour ces diplômés.