«Ma mission a été remplie. J'ai transmis cet amour du malouf aussi bien à mes enfants qu'au public», a déclaré Hadj Mohamed-Tahar Fergani. Le chanteur Mourad Fergani a offert, pour les 80 printemps de son père, Hadj Mohamed-Tahar, une scène de choix - la tribune de l'Unesco et un public en or venu des quatre coins de Paris pour partager, vendredi soir, ce moment particulier, un anniversaire, que l'on fête traditionnellement en famille et dans la stricte intimité. En faisant son entrée sur scène, en plein milieu du spectacle, le maître du malouf (musique andalouse genre du Constantinois) a eu droit à une longue ovation de la part du public. Ce dernier n'a pas hésité à entonner «Joyeux anniversaire ya Fergani» à la grande joie du chantre, qui s'est montré touché par tous ces signes de reconnaissance et de considération. C'est avec émotion qu'il recevra l'énorme bouquet de roses, remis par sa petite-fille, ainsi que l'emblème national qu'il embrassera avec amour et respect. Hadj Mohamed-Tahar Fergani n'a pas déçu toutes ces familles venues partager avec lui cet événement particulier, celui de ses 80 ans. Il s'installera sur un fauteuil qui lui a été réservé, avant de saisir, à sa manière, son violon, à la verticale, pour entamer un tour de chant en interprétant un cocktail de ses meilleures chansons. La surprise du maître du malouf ne s'est pas arrêtée à ce stade. Son fils Samir, surgissant du fond de la salle, pour entamer une chanson qu'il a composée pour la circonstance et dans laquelle il évoque la «saga des Fergani», de cheikh Hamou, lui-même chanteur de malouf, qui a su transmettre cet héritage musical à son fils Mohamed-Tahar, qui lui-même s'est fait un devoir d'inculquer cet art à ses descendants, Salim et Samir. La soirée a pris une autre tournure, lorsque le père et le fils se sont retrouvés presque côte à côte pour se donner la réplique en toute complicité et dans une symbiose totale. Entourés d'un orchestre de sept musiciens dont Zahia, une pianiste, qui a montré tout le long de la soirée un talent indéniable, les Fergani ont gratifié le public et à son grand bonheur, des plus beaux morceaux de cette musique qui fait la réputation de Constantine. Tous les ingrédients ont été réunis pour faire de cette soirée une véritable fête familiale. Applaudissements nourris, youyous fusant des quatre coins de la salle des congrès de l'Unesco, le public a très bien réagi à la prestation du «maâlem» et de son fils. Lorsque la musique devient envoûtante, nombreuses parmi l'assistance furent celles qui n'ont pas hésité à «envahir» la scène ou les allées de la salle pour exécuter avec élégance et finesse des pas de danse en l'honneur de cet octogénaire, honoré par les siens avec le concours du Centre culturel algérien de Paris et la Délégation permanente algérienne à l'Unesco. «C'est une soirée exceptionnelle et je suis comblé par cet extraordinaire cadeau que m'ont offert mon fils Samir et le public, venu en grand nombre à cette soirée», a déclaré à l'APS, Hadj Mohamed-Tahar Fergani qui n'arrivait pas à cacher son émotion. Pour lui, «cette rencontre avec un public connaisseur et la prestation honorable de Mourad montrent que ma mission a été remplie. J'ai transmis cet amour du malouf aussi bien à mes enfants qu'au public. C'est la plus belle chose qui puisse arriver à un artiste». «J'ai rempli ma mission mais cela ne veut point dire arrêter de chanter. Le malouf circule dans mes veines. La musique est indispensable pour moi comme l'air que je respire», a-t-il précisé. «Mes enfants, Salim et Mourad, sont engagés dans la bonne voie. Je leur ai recommandé de ne pas imiter mon style, mais de trouver leur propre style pour s'imposer. Aujourd'hui, leur style me touche profondément. Avant de me marier, j'implorais Dieu pour me donner une progéniture qui saura me combler musicalement. Aujourd'hui, Hamdoullah (Dieu merci), mon voeu est exaucé», a encore précisé Hadj Fergani.