L'Ecossais ne semble pas près de tirer sa révérence après 34 ans dans le métier d'entraîneur. Premier entraîneur à remporter quatre Coupes d'Europe en 25 ans, Alex Ferguson revient sur son triomphe en Champion's League européenne, remporté mercredi. A 66 ans, l'Ecossais pense déjà à demain. «Je suis très, très fier», déclarait Sir Alex après avoir battu Chelsea, mercredi, dans une superbe finale à Moscou. «Parfois, il faut se pincer pour penser qu'on vit bien la réalité, mais je garde bien les pieds sur terre. Très vite, je penserai à la saison prochaine. Tout cela s'évacue très vite pour moi. L'euphorie ne reste pas. Quand Edwin van der Sar a repoussé le dernier penalty, c'était l'instant de grâce, mon euphorie. Ensuite, il faut continuer.» Après 34 ans dans le métier, l'Ecossais a toujours faim de victoire et jaugera encore très bientôt si ses joueurs partagent ce sentiment lors du premier stage de présaison. C'est sa méthode depuis qu'il a pris sa première équipe pro, l'East Stirlingshire FC, il avait alors 32 ans. Cette vision des choses n'a jamais changé même si elle a été ébranlée il y a encore trois ans, quand United semblait dépassé par l'Arsenal et Chelsea, mené par un jeune coach nommé José Mourinho et financé par Roman Abramovitch. Sur les cendres d'une saison 2005/2006 où United finissait à 8 points de Chelsea, une grande équipe voyait le jour. Comparable à celle championne en 1993 et 1994, menée par Eric Cantona, et à celle du triplé de 1999. Les joueurs passent, Ferguson reste. Il y a un quart de siècle, il remportait déjà la Coupe des vainqueurs de la coupe européenne de l'UEFA à la tête de l'Aberdeen FC. Son homologue n'était autre qu'Alfredo Di Stéfano, alors coach du Real Madrid. «Je ne me suis pas déballonné», a déclaré Ferguson. «Je lui ai offert une bouteille de whisky et je l'ai remercié d'avoir été là pour cette occasion.» Une autre victoire en Coupe des Coupes suivait en 1991 avec Manchester, devant le FC Barcelone en 1991 avant que Sir Alex remporte la Champion's League au Camp Nou d'une manière qui est restée dans les annales face au FC Bayern Munich. Un match renversé en un instant par deux buts dans le temps additionnel. Coup du destin similaire au tir au but de John Terry sur le poteau à Moscou. L'homme a néanmoins eu aussi d'autres atouts tels que sa foi dans la formation. C'est lui qui l'a mise en place à Manchester en 1986 combinée à un réseau de recruteurs sans égal. David Beckham, Gary Neville, Paul Scholes et Ryan Giggs -le seul joueur qui a participé au 10 victoires en championnat- sont les fruits de ce travail. «Des personnes comme Scholes, Giggs et Neville, ce n'est pas un hasard si elles sont restées», déclare le manager. «Ils savent ce que football professionnel veut dire ici.» Après la finale de mercredi seulement, Ferguson faisait son âge. Bien plus peut-être, alors qu'il était fringant lors des jours précédents. Plus de deux heures de match ont pris toute son énergie. «En 99, c'était inattendu. Cette fois c'est toujours resté possible. Si on marquait tous nos tirs au but, c'était bon. Mais on en a raté un très vite et c'est devenu insoutenable. Mais au bout, le sentiment est le même. Cela vous submerge et ça vous crève.» En début de saison prochaine, Sir Alex aura retrouvé son énergie de trentenaire.