La production d'éthanol est l'une des premières causes de cette flambée, selon un rapport de l'Ocde. La crise alimentaire mondiale ne sera pas de sitôt apaisée. Le risque de son exacerbation est même appréhendé. C'est ce qui ressort du rapport des Perspectives agricoles pour 2008-2017, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies (FAO), publié, jeudi dernier. Selon l'étude, «par rapport à la moyenne observée entre 1998 et 2007, les projections de prix pour la période 2008-2017 indiquent une augmentation de 20% environ pour la viande bovine et porcine, de quelque 30% pour le sucre brut et le sucre blanc, de 40% à 60% pour le blé, le maïs et le lait écrémé en poudre». Sur la même période, l'augmentation serait «de plus de 60% pour le beurre et les graines oléagineuses et de plus de 80% pour les huiles végétales». L'envolée des cours depuis 2005/06 «tient en partie à des conditions météorologiques défavorables dans les grandes régions de production céréalière de la planète» mais aussi à la hausse de la production de biocarburants. «A l'horizon 2017, 40% des cultures de maïs du pays pourraient être destinées à la production d'énergie», selon l'étude, pour qui «la production mondiale d'éthanol va marquer des progrès rapides et atteindre quelques 125 milliards de litres en 2017, soit deux fois plus qu'en 2007». Cette dernière cause est perçue par les spécialistes comme étant la principale origine de l'augmentation des prix des produits alimentaires de base. Aux Etats-Unis, environ 20% de la production de maïs sert à alimenter les usines d'éthanol. De plus en plus de producteurs de soja ont décidé de transformer leurs terres en culture du maïs pour profiter de la manne, ce qui a poussé à la hausse des prix du soja. Par ailleurs, la production mondiale de riz -source première d'alimentation de 3 milliards de personnes dans le monde-devrait «faire un bond de l'ordre de 10% d'ici à la fin de la période 2008-2017, favorisée par des récoltes plus abondantes dans les pays d'Asie du Sud et du Sud-Est». «Ces hausses posent beaucoup de questions. Pour décider de la bonne politique à mener, il faut savoir si les raisons de l'envolée sont temporaires ou permanentes», explique Loek Boonekamp, de la division agriculture de l'Ocde. Il est important de souligner que chercher les racines du problème pour, une fois cernées, se contenter de les avoir entre les yeux ne servira absolument à rien. Les experts s'accordent à dire que la crise continuera à se poser tant que les gouvernements des pays concernés ne prennent pas la bonne décision à même d'assurer leur autosuffisance alimentaire. Il faut dire qu'il s'agit aux politiques de prendre à bras le corps cette problématique. Ce genre de solution ne peut-être appliqué séparément, mais par la constitution de forces régionales. C'est le cas des pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) qui sont contraints d'unir leurs forces et de se montrer solidaires, faute de quoi la «tornade» qui arrive risque de tout emporter sur son chemin. «Aujourd'hui environ 862 millions de personnes souffrent de faim et de malnutrition, ce qui souligne la nécessité de réinvestir dans l'agriculture», a renchéri jeudi le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, en présentant le rapport à Paris. «Une action cohérente de la communauté internationale est nécessaire de toute urgence pour faire face à l'impact de la hausse des prix sur les pauvres et les affamés», a-t-il plaidé. Pour le secrétaire général de l'Ocde, Angel Gurria, «la solution n'est pas le protectionnisme mais l'ouverture des marchés agricoles et la libération de la capacité productive des agriculteurs qui ont su, à plusieurs reprises déjà, répondre aux incitations du marché».