Cette recrudescence inquiète les observateurs et encore plus les citoyens. Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 21h, les fans de football, les yeux rivés sur l'écran suivaient le match Real-Barça, au moment où les fidèles se pressaient pour rejoindre la mosquée pour la prière de l'Icha. C'est ce moment de calme et de piété que les terroristes ont choisi pour s'abattre sur le quartier de Belazreg, non loin de la forêt Araâr. Les sanguinaires, au nombre de 20, selon des habitants du quartier, profitant de l'obscurité, se scindent en 3 groupes. Le premier restera à l'affût pour couvrir le théâtre du massacre, alors que les deux autres ciblent deux maisons, occupées par les familles Saïm et Bekkar, les demeures d'un repenti et d'un fils de chahid. Ils attaquent les deux familles au même moment pour bénéficier de l'effet de surprise et faire ainsi beaucoup de victimes. Dans la maison de la famille Saïm, ils tuent à coups de sabre, le père et la mère, leurs sept enfants seront égorgés et affreusement mutilés. Zohra, âgée de 18 ans, secrétaire dans un cabinet d'avocat, sera violée avec divers objets métalliques avant d'être égorgée. Son frère Saddam, (12 ans) qui venait de rentrer à la maison, a été décapité. Son frère Belgacem, (22), a été retrouvé la gorge tranchée, une cassette audio enfoncée dans la bouche. Djillali, un autre membre de la famille, a échappé au massacre, par miracle, et se trouve dans un état dépressif. Le groupe, qui avait envahi la maison de la famille Bekkar, tuera le père, un sexagénaire, la mère et leur fille Tounès, âgée de 34 ans, une attardée mentale. Tous ont été égorgés. Avant de battre en retraite, ils kidnappent Oum El Djillali, une universitaire, qu'ils abattront d'une balle dans la tête. La malheureuse, pour donner l'alerte, s'était mise à crier. Leur macabre besogne terminée, les terroristes s'enfuient vers la forêt Araâr. Non loin du lieu du drame se trouve un cantonnement de la garde communale. Dans le quartier vivent 25 citoyens armés dans le cadre de la création des groupes de légitime défense. Mais ni les uns ni les autres n'ont intervenu pour empêcher ce drame. Les maisons des victimes sont à un jet de pierre d'un îlot de 15 maisons réalisées dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, abandonnées et devenues un repaire de dépravés et autres voyous. C'est dans ce cadre fait d'obscurité, de dénuement, d'indifférence et de laisser-aller que 11 malheureuses victimes ont péri. Simultanément à cette attaque, un autre groupe terroriste investit le quartier Chelaïki, à la sortie Est de Ksar Chellala. Trois maisons seront ciblées et tous leurs occupants, et enfants compris, passeront par la lame du couteau et de la machette. Trois , cinq hommes et douze enfants seront impitoyablement massacrés. Selon des témoignages concordants, les assaillants ont forcé l'entrée des maisons de ce misérable quartier, situé au contrebas du lycée Chelaïki, et n'ont trouvé aucune résistance. Preuve en est que le groupe était en grand nombre, pour permettre pareil carnage, tout en laissant trois ou quatre hommes armés en surveillance, la brigade de gendarmerie et le commissariat de police étant situés au «centre-ville». L'absence de l'éclairage public et le très mauvais état des routes ont déterminé, sans nul doute, le choix des assaillants à s'attaquer à pareilles mansardes délabrées et isolées. L'enterrement des 20 citoyens de Ksar Chellala a eu lieu, hier, au cimetière Sidi Betka, dans un climat empreint d'émotion, de colère et de vague appréhension. La même nuit, toujours, trois autres personnes ont été assassinées et une quatrième enlevée à Sidi Abderrahmane, une commune côtière de Ténès. Les victimes, deux hommes et une femme, revenaient des champs, en fin de journée, lorsqu'elles ont été surprises par les assaillants. Une quatrième personne, une jeune fille, a été enlevée. Toujours dans la wilaya de Chlef, et dans la même journée, soit le mercredi, le corps d'un jeune homme a été découvert à la sortie Nord de Zebabdja, près de Oued Fodda. Ni l'identité de la victime ni les circonstances de son assassinat n'ont été déterminées. 35 personnes assassinées en une seule journée. Voilà un bilan à faire dresser les cheveux sur la tête. Car ce n'est pas seulement inquiétant! c'est très, très inquiétant!