«Les concernés par la loi sur le moudjahid et le chahid percevront leurs pensions dans les prochains jours», a déclaré Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine. Fini l'octroi des attestations d'anciens moudjahidine. Le dossier est définitivement clos. Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, est catégorique. Interrogé hier par L'Expression à propos des milliers de dossiers dormant dans les tiroirs de son département, attendant son aval, M.Chérif Abbas s'est montré ferme: «On ne donne plus d'attestation d'ancien moudjahid. Le dossier est définitivement clos!» affirme le ministre des Moudjahidine, en marge de l'adoption du programme consacré à la célébration de la Fête de la victoire, coïncidant avec la journée du 19 mars de chaque année. Le premier responsable du département des moudjahidine ira plus loin dans ses affirmations: «Croyez-vous, quarante-six ans après l'Indépendance de l'Algérie, qu'il reste encore des moudjahidine à reconnaître?» s'est-il interrogé. Et de préciser: «Il ne reste plus d'anciens combattants auxquels nous devrons remettre les attestations les habilitant en tant que tels.» Selon des sources proches du département de Mohamed Chérif Abbas, il y a actuellement près de 40.000 dossiers qui attendent à ce que la commission chargée de leur étude statue à leur sujet. Rappelons que cette commission a été suspendue depuis plus de sept ans. Interpellé à propos du chiffre cité, le ministre des Moudjahidine s'est montré étonné. Il ne semble pas le reconnaître. «Quarante mille? Il s'agirait peut-être de dossiers incomplets», répond Mohamed Chérif Abbas reconnaissant ainsi, implicitement, l'existence réelle de ces dossiers au sein de son département. Il faut dire que le dossier relatif à l'octroi des attestations d'anciens moudjahidine a été, et ne cessera d'être, la source de toutes les controverses. Déjà, entre le ministre des Moudjahidine et le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, le consensus autour de la question ne sera pas établi de sitôt. Alors que le premier reconnaît, à chacune de ses sorties médiatiques, l'existence de faux moudjahidine, le second, lui, écarte du revers de la main cette affaire. Saïd Abadou considère que le dossier n'a pas lieu d'être cité, du moment que personne n'a saisi officiellement son organisation. Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a même ouvert une enquête sur cette affaire, auprès de la Caisse nationale des retraites (CNR). L'enquête en question a été entamée en 2005. Toutefois, jusqu'à présent, aucune suite ne lui a été réservée. Sensibilité de la question oblige. On ne peut toucher un tel dossier sans risquer de se brûler les doigts. Le travail d'assainissement des rangs des anciens combattants pour l'Indépendance de l'Algérie ne sera pas clos de sitôt. Un long travail de fourmi reste à faire. Par ailleurs, au chapitre relatif à l'application de la loi sur le moudjahid et le chahid, le ministre des Moudjahidine indique qu'elle «se fera dans les prochains jours». Pressé par les journalistes pour plus d'informations autour de ce sujet, Mohamed Chérif Abbas se contente de répondre laconiquement: «La loi est entrée en vigueur depuis 1999. Les concernés percevront leurs pensions incessamment.» Le ministre des Moudjahidine n'en dira pas plus. Au sujet de la récupération par l'Algérie de ses archives, et des plans des champs de mines détenus par la France, M.Chérif Abbas préfère renvoyer la balle dans le camp du ministre des Affaires étrangères et du chef du gouvernement. «MM.Mourad Medelci et Abdelaziz Belkhadem se sont déjà exprimés sur la question, je n'ai rien d'autre à ajouter», soutient le ministre des Moudjahidine. Il faut rappeler que, dans un entretien accordé au quotidien El Khabar, l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, avait indiqué que les autorités algériennes n'ont pas demandé les plans des champs de mines à la France. Quant aux archives, M.Bajolet avait précisé: «Nous sommes prêts à les mettre à la disposition des Algériens pour consultation et à leur en remettre des copies. Nous sommes même disposés à étudier les demandes des chercheurs algériens qui souhaiteraient avoir accès à des documents encore classés.» Les observateurs estiment que la restitution des archives nationales aidera beaucoup à la compréhension de la période coloniale (1830-1962) de l'histoire de l'Algérie.