Se faire délivrer un acte de naissance ou tout autre document d'état civil par l'APC de Bouira n'est pas chose aisée. Il faut se lever tôt, être épaulé pour se faire délivrer un document d'état civil au niveau de l'APC de Bouira. Déjà le fait de se rendre dans ce service fait partie des tâches les plus rébarbatives. Avant de s'y rendre, il faut savoir que les choses ne se passent pas normalement. De ce fait, il est donc impératif de se préparer moralement au parcours du combattant. Des files d'attente interminables et des bousculades finissant par des bagarres et ce, sans parler des insultes et tous les écarts de langage qui s'échangent à longueur de journée entre des personnes exaspérées, devant les guichets de la mairie. Le citoyen est condamné à traîner, tel un boulet, les tracasseries administratives. A la poste, au service d'état civil d'une APC, ou à la banque, il faut s'armer de patience. Non seulement parce qu'il faut attendre longtemps mais aussi pour éviter une éventuelle rixe, soit avec le préposé au guichet, soit avec le simple citoyen. Un destin monté de toutes pièces, par une hiérarchie, censée répondre aux attentes quotidiennes de la population. Le service de l'état civil de l'APC de Bouira se résume tristement à cette image: un champ de bataille où les gens bataillent pour acquérir une simple fiche familiale ou un acte de naissance. A l'intérieur de la salle, une centaine de personnes y viennent chaque jour que Dieu fait. Habitants de la ville ou d'autres municipalités, c'est pareil. Ils sont tous confrontés le temps d'une journée ou plus, à cette amère réalité. Dès l'ouverture, on étouffe, faute d'aération et du manque d'espace. Lors de notre passage en ce lieu, surtout inutile d'interroger les gens sur ce qu'ils subissent. Ça se lit sur tous les visages. Tout le monde est sur les nerfs. Par cette journée d'été, c'est intenable. Dehors, il fait plus de 30° et à l'intérieur, c'est la fournaise. «Pour avoir un simple document il faut attendre deux jours et parfois plus pour atteindre le guichet. C'est infernal!», lance un homme d'une trentaine d'années, loin d'être content, car l'intervalle entre lui et le guichet compte plus d'une vingtaine de personnes... Pour un autre jeune qui est venu de Aïn Bessam, c'est le même calvaire. Celui-ci est là pour un acte de naissance n°12, et c'est la troisième journée consécutive qu'il fait le déplacement depuis Aïn Bessam, vainement. «Je ne sais quoi faire, j'ai l'impression que je passe tout l'été à faire la queue», ironise-t-il, «ça manque même d'oxygène à l'intérieur, on respire mal», renchérit un autre jeune depuis sa place, venu légaliser quelques documents. Vers les coups de midi, le service achève la partie matinale de son travail, la porte principale est déjà fermée, dix minutes avant. La porte s'ouvre et un jeune sort en sueur voyant la fin de son calvaire. «Ouf! j'ai enfin réussi. Je suis arrivé ici à 7h et voilà qu'il est midi, c'était une vraie bataille», lance-t-il. Après quatre heures d'attente, la corvée de la journée est terminée. Face à cette situation qui persiste depuis des années, aucune mesure n'est prise afin d'offrir au citoyen un service digne de ce nom. Ne pas avoir réglé auprès d'une administration, une affaire urgente dans un bref délai, n'est pas grand-chose aux yeux d'un citoyen qui a l'habitude d'endurer les affres de la bureaucratie des heures et des heures...Fournir le maximum de pièces pour un dossier quelconque et l'impossibilité de le faire dans les meilleurs délais, cela est l'éternel dilemme.