Prise d'otage, escroquerie, arnaque, fausse monnaie: rocambolesque est cette histoire typiquement sortie des terroirs africains. La cyber-escroquerie ou l'e-arnaque, ce n'est plus une légende mais une pure réalité. Avant-hier, la chambre criminelle près la cour de Bouira a rendu son verdict dans une affaire d'escroquerie unique en son genre et sans précédent en Algérie. Une peine de 2 années de prison ferme assortie d'une amende de 5000 DA a été requise à l'encontre de B.B, ressortissant malien âgé de 32 ans et père d'un enfant. Le mis en cause a été présenté comme principal accusé dans une affaire d'escroquerie dont la victime, S.M.K., 32 ans, ingénieur en informatique de son état, natif de Raffour, commune de M'chedallah, 45 km à l'est du chef-lieu de Bouira, est d'origine algérienne. Complexe était l'affaire au point que les rôles ont été inversés. Le Malien, présenté comme victime lors de la première audience, s'est retrouvé en fin de compte, au banc des accusés. En première instance, S.M.K était poursuivi pour avoir séquestré le Malien chez lui. Mais les éléments d'enquête ont changé la donne. Le Malien est écroué et l'Algérien innocenté. Les faits de cette histoire de fraude à l'africaine remontent à novembre 2007. S.M.K avait rendez-vous à Staouéli avec deux Nigérians, dénommés Koyata et Sam. Sur place, le Malien rejoint le trio. Il était en possession de deux paquets, censés contenir les effets des deux Nigérians. En réalité, ils étaient bourrés de fausses coupures de billets d'euros. Antérieurement à ces faits, il est important de signaler que S.M.K était en contact permanent avec une Nigériane qui prétendait être l'épouse d'un officier de l'armée nigériane, réfugié politique en Angleterre. Durant toute la durée de leurs conversations sur Internet, la Dame demandait à S.M.K. d'aider ses pseudo-fils à faire leurs inscriptions universitaires à Alger. Arrivés à Raffour, le Malien et ses deux acolytes nigérians ont échangé de l'argent avec l'Algérien. La somme convertie a été estimée à 15.000 euros. Après quoi, les prétendus fils de la Nigériane repartent sur Alger laissant sur place leur ami malien. Réalisant l'arnaque, S.M.K prend en otage le Malien. Après quelques jours de détention, le Malien réussit à s'échapper avant de dénoncer son «kidnappeur» à la brigade de la Gendarmerie nationale de la commune de Chorfa. L'affaire éclate au grand jour. L'enquête déclenchée prouvera que les deux paquets contenaient de la fausse monnaie, près de 1000 euros. Preuve que les deux cyber-escros étaient des faussaires et des arnaqueurs. En outre, l'enquête prouvera que le ressortissant malien était un agent de liaison de cette secte électronique, cultivant ce nouveau mode de fraude issue d'Afrique. En réalité, elle est l'instigatrice de cette opération de fraude «419» ou «419 scam», en référence à l'article 419 du Code pénal nigérian interdisant ce genre de fraude.