Les choses ont l'air de vouloir sérieusement se compliquer entre le FFS et l'administration. Le wali a signifié au premier secrétaire fédéral du FFS «l'impossibilité de lui accorder l'autorisation pour cause de campagne électorale». Les choses ont l'air de vouloir sérieusement se compliquer, entre le FFS et l'administration, à Tizi Ouzou. En effet, le parti de M.Hocine Aït Ahmed a déposé, le 4 mai, une demande d'autorisation pour l'organisation d'un meeting du groupe des quatre. Dans sa réponse au FFS, le wali met en avant le fait qui le site choisi, le stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou, est réservé aux besoins de la campagne électorale qui s'ouvre aujourd'hui et ce, jusqu'au 27 du mois en cours. Ce refus est vu comme pouvant ajouter un plus à la tension qui est déjà «à couper au couteau en Kabylie». S'arc-boutant à la loi et principalement à celle régissant les réunions et manifestations publiques, le premier secrétaire fédéral du FFS, M.Nacer Abib, a immédiatement saisi à nouveau le premier responsable de la wilaya pour lui rappeler la demande d'autorisation déposée le 4 mai, après avoir noté que «lors du dépôt de cette demande, un premier refus verbal a été signifié». En rappelant au wali, qui, soulignons-le, semble ignorer jusqu'aux structures du FFS, qu'il avait adressé son «refus poli» au président du bureau régional alors que le FFS a des fédérations et au lieu d'un président, un premier secrétaire. Cela dit, le premier secrétaire fédéral poursuit: «Notre parti s'est toujours inscrit dans un cadre légal et pacifique et que ses activités politiques se déroulent dans le calme et la sérénité» Et d'affirmer: «Nous maintenons notre meeting aux lieu et date prévus et à chacun d'assumer ses responsabilités». Il y a lieu de noter que c'est bien la première fois qu'un meeting est «poliment interdit» pour cause de campagne électorale. Le wali avance comme raison officielle le fait que le stade Oukil-Ramdane est réservé à la campagne électorale. Quand on sait ce que la population locale réserve aux législatives et donc à la campagne électorale, on se demande qui sera réellement en mesure d'animer cette campagne en Kabylie. Ce refus apparaît, à première vue, comme une action qui risque d'ajouter à l'atmosphère déjà électrique. Il semble que les autorités auraient gagné à l'autoriser, ne serait-ce que dans le cadre de la sécurité. Avec la grève générale programmée pour aujourd'hui et la marche de la Cadc sur la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, cette interdiction ne fera qu'amplifier une colère, déjà, mal contenue. Le FFS, qui déclare que ses actions s'inscrivent dans le cadre pacifique, ne saurait être traité comme un «ramassis de voyous». Un parti politique légal et donc ayant pignon sur rue et se présentant en alternative démocratique mérite respect et considération quand bien même il prônerait une voie contraire. C'est peut-être par là qu'il faut comprendre les ressorts profonds de la crise que traverse le pays. Pour leur part, les élus locaux du FFS, qui s'expriment en «représentants légitimes de la population», se sont inquiétés et se disent étonnés que «l'administration continue dans sa logique de préparation d'un scrutin dans une situation chaotique comportant les plus grands dangers». Ce faisant, les élus locaux du FFS dénoncent les menaces proférées à l'encontre des fonctionnaires, celles pesant sur les élus et particulièrement les P/APC réquisitionnés nommément et ès qualités pour acheminer les urnes vers le siège de la wilaya, la réduction du nombre des bureaux de vote, prélude à une fraude annoncée et le mouvement inhabituel des effectifs des services de sécurité afin d'atteindre un taux de participation «vendable» au plan international. En se déclarant attachés aux aspirations de la population et en se démarquant de tous les préparatifs liés au scrutin du 30 mai, les élus disent résolus à tout mettre en oeuvre pour élargir la dissidence citoyenne électorale, pacifique et nationale. Cependant, ils appellent la population à se mobiliser pour faire un vrai barrage, par des moyens pacifiques, à cette «mascarade électorale». Selon des sources, nous avons également appris que certains candidats indépendants auraient reçu injures et menaces, alors même que le public n'avait pas officiellement découvert leurs noms. A cette allure, il semble pour le moins que la campagne électorale sera assez difficile, pour les uns et les autres, en Kabylie. La première journée de cette campagne, aujourd'hui s'annonce périlleuse.