La moitié des deux millions de nationaux qui devaient partir à l'étranger sont restés à la maison. La saison estivale, synonyme de vacances, touche à sa fin de façon prématurée, Ramadhan oblige. Il sera, en effet, difficile de concilier baignade et farniente avec l'observation rigoureuse de la pratique du jeûne exigée par le mois sacré du Ramadhan. Faire taire sa soif, sa faim et toutes les autres tentations...Il faut économiser son énergie. Les juillettistes et les aoûtiens auront donc eu plus de chance, même si les derniers cités n'ont pas eu le temps de souffler. A peine rentrés, voilà qu'il faut déjà songer à la reprise du travail. Ils font tout de même partie de cette catégorie de chanceux qui ont pu s'offrir un mois de détente. Mais voilà, les Algériens n'auraient pas été nombreux à s'être offert des vacances. Le chiffre des deux millions de touristes algériens attendus à l'étranger doit être sérieusement revu à la baisse. Certaines sources soulignent qu'il serait pratiquement de moitié. Le Maroc, mais surtout la Tunisie voisine qui est la destination privilégiée de nos compatriotes, aurait subi le contrecoup de ce revirement de situation. Le mois sacré du Ramadhan aurait-il plombé la saison estivale 2008? Il va clore, en quelque sorte, les vacances d'été. Le mois de septembre est annonciateur de dépenses supplémentaires car en plus de faire face au budget exceptionnel exigé par le mois sacré du Ramadhan, les ménages devront aussi assumer une rentrée scolaire financièrement exigeante. Et c'en est peut-être déjà trop pour un pouvoir d'achat fortement érodé par l'augmentation de certains produits de première nécessité. Leurs prix ont flambé. Huile, sucre, céréales....n'ont pas été épargnés. Et il faut certainement s'attendre à une nouvelle envolée avec le mois du Ramadhan qui recommande pourtant piété, indulgence et solidarité. Est-ce que les Algériens ont préféré sacrifier leurs vacances en prévision de toutes ces dépenses? De nombreux hôteliers se sont plaints du faible taux de remplissage de leurs établissements, c'est ce qu'a confirmé l'un d'entre eux installé sur le côte béjaouie: «Ce n'est pas encore le grand rush» avait-il confié à L'Expression. Notre interlocuteur a imputé ce manque à gagner à «la concurrence déloyale de certains propriétaires privés qui louent occasionnellement appartements et garages privés». Cela n'est guère suffisant comme argument pour expliquer la faible fréquentation des lieux de vacances. Les prix qui sont pratiqués par certains marchands de vacances de rêve sont hors de portée d'un salaire moyen. Avec un Smig à 12.000 DA, cela virerait plutôt au cauchemar. Un autre phénomène et non des moindres, finit par réduire en peau de chagrin le pouvoir d'achat des Algériens: le crédit à la consommation. De nombreuses enquêtes ont montré que les ménages qui représentent, en général les classes moyennes, se sont largement endettés, ils achètent tout à crédit, électroménager (frigo, télévision, machine à laver), véhicules, immobilier...Des offres alléchantes proposées par certaines banques. Des formules qui portent bien leur nom «Crédit bien-être» utilisées et contractées à l'excès, elles peuvent transformer les rêves les plus fous en vie infernale. Et dans le meilleur des cas à se priver de l'essentiel, le bonheur de partir en vacances.