L'UA est passée hier à l'action en prenant la décision de suspendre la Mauritanie jusqu'au retour à «un gouvernement constitutionnel». L'Union africaine (UA) a annoncé qu'elle allait «suspendre» la Mauritanie «jusqu'à ce que le pays», où a eu lieu un coup d'Etat mercredi, «retrouve un gouvernement constitutionnel», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères de Tanzanie, pays qui préside l'UA. «Le coup d'Etat est un revers grave pour les Mauritaniens parce qu'il a volé au peuple son droit fondamental à élire librement les dirigeants de son choix», a déclaré le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Bernard Membe, dans ce communiqué publié tard vendredi depuis la capitale tanzanienne Dodoma. «L'UA va suspendre la Mauritanie (comme membre de l'organisation continentale) jusqu'à ce que le pays retrouve un gouvernement constitutionnel», a ajouté M.Membe, qui préside le Conseil des ministres de l'UA. Jeudi, l'Union africaine avait condamné le coup d'Etat en Mauritanie et exigé «le retour à l'ordre constitutionnel et le rétablissement sans délai des institutions que le peuple mauritanien s'est démocratiquement choisi». Dans son communiqué, M.Membe rappelle que la suspension de la Mauritanie est conforme aux dispositions «de l'Acte constitutif de l'UA, de la Déclaration de Lomé de juillet 2000 et du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'UA sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement», qui prévoient la suspension automatique de la participation du pays concerné aux activités de l'UA jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel. Le chef de l'Etat mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été arrêté à Nouakchott mercredi lors d'un coup d'Etat sans effusion de sang mené par le chef de la garde présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qu'il venait de limoger. Le général est désormais à la tête d'un «Haut Conseil d'Etat» formé de 11 militaires. Ce coup de force intervient moins d'un an et demi après l'élection présidentielle de début 2007, saluée comme un «modèle démocratique» pour l'Afrique et le monde arabe. Une délégation de l'UA était attendue hier à Nouakchott, ont indiqué vendredi de source proche de la junte. D'autre part, le général Ould Abdel Aziz, chef de la junte qui a mené un coup d'Etat en Mauritanie, a reçu hier à Nouakchott un émissaire de la Ligue arabe, Ahmed Ben Hilli, à qui il a fait part, selon ce dernier, de «son souci de voir se poursuivre le processus démocratique». A sa sortie de l'audience, le secrétaire adjoint de la Ligue arabe a déclaré à la presse qu'il était venu «pour avoir des assurances quant au processus démocratique dans le pays». M.Ben Hilli a expliqué que le général Ould Abdel Aziz avait exprimé «tout son souci de voir se poursuivre le processus démocratique». Le chef de la junte a assuré lors de cette entrevue qu'«il maintenait les institutions constitutionnelles en place», a-t-il rapporté. «Il m'a également affirmé qu'il organisera une élection présidentielle dans une courte période», a déclaré M.Ben Hilli. Pour ce qui est du sort du président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, leader du coup d'Etat militaire mercredi en Mauritanie, a indiqué qu'il «maintiendra» en détention l'ex-président jusqu'à nouvel ordre «pour des raisons de sécurité», selon des déclarations publiées hier dans la presse. «Nous ne relâcherons pas le président renversé pour le moment pour des raisons de sécurité. Nous essayons pour l'instant de rétablir le calme et de faire baisser les tensions», a déclaré le chef des putschistes au quotidien arabophone londonien Asharq al-Awsat, dans une entretien téléphonique. «L'ancien président est en bonne santé, il n'a pas de problème. Un nouvelle autorité est en place - le Haut conseil d'Etat -, qui étudiera le dossier du président une fois l'ordre revenu dans les affaires internes (du pays), ce qui va prendre un peu de temps», a-t-il poursuivi. Le général Ould Abdel Aziz a également évoqué dans l'entretien une élection présidentielle, qui se tiendra dans «les délais les plus courts possibles» selon la nouvelle junte, sans avancer toutefois de date.