Des émissaires de la communauté internationale ont commencé hier à se concerter à Nouakchott pour « aider la Mauritanie à sortir de la crise », quatre jours après un coup d'Etat mené par Mohamed Ould Abdel Aziz, qui affirme être intervenu pour « sauver » le pays. Le commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, a appelé hier en Mauritanie à « un sursaut de conscience », après avoir été reçu par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte qui a renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. « Nous venons promouvoir ce que j'appelle un sursaut de conscience des cœurs et des raisons, pour que les Mauritaniens dépassent la conjoncture difficile et se mettent ensemble pour préserver les acquis démocratiques, promouvoir l'Etat de droit et ouvrir des perspectives prometteuses pour la Mauritanie », a déclaré à la presse M. Lamamra, quatre jours après le coup d'Etat. L'Union africaine (UA) avait annoncé vendredi soir qu'elle allait « suspendre » la Mauritanie de son organisation « jusqu'à ce que le pays retrouve un gouvernement constitutionnel ». « La position de l'UA découle des textes fondamentaux de notre organisation », a rappelé M. Lamamra. « Il s'agit surtout d'éviter que la Mauritanie ne tombe dans un cercle vicieux, où la crise s'approfondirait et où la communauté internationale serait amenée à prendre des mesures aux conséquences fâcheuses sur le vécu et l'avenir du peuple mauritanien », a-t-il dit, à sa sortie du bureau présidentiel, après un long entretien avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz. « L'UA veut être dans toute la mesure du possible partie prenante à la solution et non partie prenante au problème », a également déclaré le diplomate, ajoutant : « Dans cet esprit, nous sommes convaincus que la solution ne peut venir que des Mauritaniens eux-mêmes. » A propos du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à présent enfermé dans une villa sous surveillance, l'émissaire de l'UA a déclaré : « Nous sommes disposés à le voir et nous le souhaitons. » Une « réunion de coordination » était ensuite prévue à Nouakchott entre la Ligue arabe, l'ONU et l'UA, selon le secrétaire adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Hilli. Samedi, le général Ould Abdel Aziz avait reçu le représentant spécial des Nations unies en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit. Le contenu de leur conversation n'avait pas été dévoilé. « Les Nations unies se joignent à toutes les institutions qui appellent au retour à l'ordre constitutionnel » en Mauritanie, avait déclaré M. Djinnit après l'audience. Et c'est sur le ton du regret que l'émissaire de l'ONU a commenté le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi : « Nous aurions souhaité que les difficultés entre les institutions se résolvent dans le cadre de ces institutions ». Le chef de la junte a justifié ces derniers jours son action en accusant le président d'avoir « agi pour détruire le pays et bloquer ses institutions ». Le parti du président renversé, le Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD), a annoncé hier avoir été autorisé à rouvrir ses locaux, fermés par la police depuis le putsch. Cette formation fait partie du Front pour la défense de la démocratie, en « lutte » pour la libération du président, actuellement retenu dans une villa, la restauration de son régime et le « retour des militaires dans les casernes ».