Aussi immense que fut la douleur, après l'assassinat du jeune I. B., la sagesse est mère de toutes les vertus. Après une journée mouvementée en émeutes et protestations, à l'issue de l'assassinat du jeune I. B., survenu dimanche matin à la suite d'un vol qui a tourné à une chasse à l'homme, puis au drame, la commune de Chetaïbi a enfin retrouvé sa quiétude. Les habitants, bien qu'attristés par la perte de leur concitoyen, se sont rendus à l'évidence: «Le destin est maître de tous...», diront les uns, «la sagesse est mère de toutes les vertus», rétorquent les autres. C'est l'état d'esprit d'une localité qui, à un moment de la journée de dimanche, a failli déraper dans le feu et le sang. Toutefois, il faut noter que certains rebondissements de l'affaire restent le quotidien des heures et des jours qui viennent. Puisque les trois jeunes à l'origine de ce drame, dont un est aux arrêts, sont toujours cernés par les habitants de El Zaouia, précisément dans la forêt de Sidi Ferkoun, où ils se sont réfugiés après avoir assené plusieurs coups de bâton à un autre jeune qui a tenté de les poursuivre. Et au moment où nous mettons sous presse, le jeune homme, âgé de 24 ans, se trouve dans un état grave au centre hospitalier de Chetaïbi. Outre cela, l'état calme et stationnaire des lieux est aussi à l'origine de l'achèvement de la saison estivale pour Chetaïbi. Car il faut le noter, des centaines d'estivants ont quitté la région et ceux désireux s'y rendre ont changé de destination par peur de représailles des habitants. Sur cet état d'esprit, bon nombre, apostrophés, se disent très déçus, s'agissant là des habitants de Chetaïbi, bien entendu. «Nous ne sommes pas des barbares pour porter atteinte à la sécurité de nos hôtes. Nous sommes hospitaliers et nous le resterons...» C'est ainsi que les habitants de Chetaïbi ont réagi. Les commerçants, quant à eux, estiment que cette façon de voir les choses est un immense outrage à la réputation touristique de Chetaïbi. Car, estiment-ils, la vie quotidienne de leur région est issue des quelques semaines que viennent passer les estivants chez eux. Dans le même sillage, les habitants de Chetaïbi, et en dépit de leur douleur, notamment au moment du cortège funèbre qui a conduit B. I. à sa dernière demeure, se sont montrés déterminés à garder leur calme, diront-ils, car il y va du développement du secteur touristique de leur commune. Ce tourisme est en fait le cheval de bataille du programme du Président. Ce programme que chacun d'entre eux dit y apporter une contribution, allant même jusqu'à étouffer ses larmes et ses émotions, nous révèle l'oncle paternel de la victime. Cet oncle est abattu par le drame, mais ne fait incomber la «faille» ni aux autorités ni à qui que ce soit. Il en appelle plutôt aux jeunes de l'Algérie, sans exception, d'essayer de mesurer tout agissement et étudier les conséquences que pourrait générer tout acte non contrôlé. Le grand-père, quand à lui, plus mature, ira loin dans ses déclarations: «Notre pays est à la croisée des chemins, et tout acte non contrôlé pourrait provoquer un dérapage vers quelque camp qui soit, afin d'être exploité contre notre Etat, sa stabilité, sa sérénité, voire son intégrité. Certes, Ilyès est mort, mais Chetaïbi et sa population ont fait du pardon une vertu des sages.»