C'est la ville éthiopienne qui a donné Tirunesh Dibaba à l'athlétisme mondial. A Bekoji, petite ville perchée aux sommets des hauts plateaux éthiopiens, tous les habitants se sont rassemblés dans les cafés vendredi pour voir l'enfant du pays Tirunesh Dibaba, 22 ans, remporter la médaille d'or olympique du 10.000 m à Pékin. «Ce n'est pas une surprise. Je n'ai jamais douté qu'elle terminerait première», assure Sintayehu Eshetu qui avait entraîné la jeune championne à ses débuts. Après être restée derrière sa rivale Elvan Abeylegesse durant la majeure partie de la course, Tirunesh Dibaba a mis le turbo dans les derniers 400 m pour s'adjuger l'or olympique. «Il y avait quand même de la concurrence», souligne Sintayehu Eshetu en regardant son ancienne protégée poser devant les photographes, sur la télévision du café. Non loin de là, dans un autre café, le Tola, les clients se lèvent pour regarder le tour d'honneur de la championne. «Son frère m'a dit qu'il se serait tué si elle n'avait pas gagné la course», confie l'un des supporters de la nouvelle médaillée d'or olympique du 10.000 m. A Bekoji, les habitants sont habitués aux victoires de leurs athlètes. Située derrière un volcan endormi, à 250 kilomètres de la capitale, Addis Abeba, cette petite ville de 30.000 habitants est une véritable pépinière de champions. Elle a vu notamment défiler Derartu Tulu, qui a ramené à l'Afrique subsaharienne sa première médaille d'or olympique en remportant le 10.000 m à Barcelone en 1992, et Fatuma Roba, victorieuse du marathon à Atlanta en 1996. Mais encore et surtout Kenenisa Bekele, titré à Athènes en 2004 sur 10.000 m messieurs, distance dont il détient le record du monde tout comme celui du 5000 m, et qui pourrait apporter deux nouvelles médailles à l'Ethiopie, à Pékin. Entourée de champs de blé et chauffée toute l'année par une température modérée, Bekoji est un endroit idéal pour l'entraînement des athlètes de fond ou de demi-fond. Située à 2800 mètres au-dessus du niveau de la mer, la ville impose des contraintes en oxygène aux coureurs et présente des intérêts au niveau de la préparation. «Les coureurs locaux sont légers. La qualité de leur sang et leurs autres aptitudes naturelles leur offrent les aptitudes nécessaires pour les courses de fond», explique un entraîneur local. Bekoji est restée une ville très rurale. Les routes les plus proches sont situées à 80 kilomètres. Les habitants doivent parcourir de longues distances pour leurs activités quotidiennes. Les enfants en particulier ont pris l'habitude de courir des dizaines de kilomètres pour se rendre à l'école et revenir chez eux.