La majorité des noyés sont de l'intérieur du pays. 84 décès par noyade constatés au cours de la période allant du 1er juin au 16 août courant. Ces décès ont eu lieu dans 65 plages interdites et 19 autres dans des plages surveillées, mais en dehors des heures de surveillance. C'est là le bilan donné à la direction générale de la Protection civile par le lieutenant Bernaoui qui a précisé que 43.584 interventions ont été effectuées pour sauver d'une mort certaine quelque 23.023 nageurs. Mais au-delà de ces chiffres qui ne cessent d'augmenter, on relève 71 décès par noyade du 1er juin au 8 août 2008, dont 89 personnes noyées dans les barrages (15), puits (17), oued (16), lac (5), mare (19) et 17 dans des retenues collinaires. Ce triste bilan itératif nous renseigne sur les dangers de la mer qui semble disputer quelque peu les chiffres des décès causés au «terrorisme routier». La Protection civile, dont plus de 3000 agents sont disséminés sur les plages des 14 villes côtières du pays, veille sur la sécurité des baigneurs dont le nombre s'élève à plus de 66 millions de personnes (66.266.475). La plupart des nageurs secourus en mer ou victimes de noyade parfois mortelle, sont des estivants venus de différentes wilayas de l'intérieur du pays pour se rafraîchir au bord de la grande bleue. Tous les sites où l'on peut se baigner sont envahis en grande partie par des estivants venus de ces zones «enclavées» du pays, à la recherche, somme toute naturelle, de fraîcheur au bord de la mer. Hélas, de l'aveu même de la Protection civile comme celui du simple observateur, ces vacanciers ne savent pas vraiment nager. Du moins, s'ils savent, tant bien que mal, se tenir dans l'eau, ils ignorent les dangers de la mer. Ils savent à peine barboter dans l'eau douce, à densité différente de l'eau de mer, comme ils ont coutume de le faire dans les oueds ou «gueltas» de leurs régions. Ces derniers endroits ne sont pas pour autant dénués de danger, mais ils sont généralement connus par ces baigneurs en herbe, ils savent comment les éviter. Mais hélas, ils ne connaissent rien des courants marins, des rochers glissants ou dangereux d'accès, ni des «trous» du fond de la mer, qui se dérobent sous leurs pieds. En plus ils sont, comme nombre de baigneurs, du reste, imprudents. Ces nageurs débutants se baignent comme beaucoup d'autres, hélas, dans des plages non surveillées, d'où un surplus évident de danger. Il faut dire que 360 plages surveillées ont été ouvertes à la baignade, soit 50 plages de plus par rapport à 2007. Mais, il reste quand même 101 plages non autorisées à la baignade, soit moins de 81 plages par rapport à 2007. Ces plages, également interdites pour leurs eaux souillées, sont dépourvues de panneaux préventifs, comme le stipule pourtant la loi. Les panneaux sont généralement enlevés, sciemment, par les exploitants autoproclamés des lieux de détente au bord de la mer. Sur un autre chapitre, l'Agence nationale pour la protection du littoral attire l'attention des autorités locales sur un autre danger. Il s'agit des constructions anarchiques autour des plages qui gênent toute action rapide de la Protection civile. Les causes des interdictions sont dues aussi à la dangerosité (rochers à fleur d'eau), aux travaux «éternels» en cours et à l'absence d'accès, aux insolations et à la pollution de l'eau. Quoique ce dernier facteur soit très peu pris en considération en ces temps de grosse chaleur. Qu'importe ce danger malin, pourvu que l'on se rafraîchisse pour un temps, semblent répéter ces baigneurs téméraires. Par ailleurs, pudiques dans leur tenue balnéaire modeste, plutôt gauches dans leurs mouvements sur un terrain qui leur est inconnu, ces jeunes estivants préfèrent se baigner souvent en «solitaire» à l'écart du «rush» des baigneurs, donc éloignés des postes de surveillance de la Protection civile. Ce désir de faire trempette en solitaire au risque de leur vie, est très répandu parmi les jeunes baigneurs qui respectent scrupuleusement certaines règles religieuses qui leur interdisent de côtoyer des femmes en tenue de bain légère qui emplissent les plages ou simplement d'être vus eux-mêmes en tenue légère...A l'origine de ces malheureux accidents, l'on relève aussi que l'enseignement de la natation est quasi inexistant en Algérie, surtout hors des villes côtières. Cette discipline sportive (re) trouverait certainement sa place dans les écoles et lycées où (jadis) elle était enseignée. Très peu de piscines existent à l'intérieur du pays. La Protection civile est souvent démunie de moyens sophistiqués d'intervention. Les plages restent toutefois, il faut le souligner, très bien surveillées pour la plupart pour peu que les estivants respectent les consignes de sécurité émises par les services de la Protection civile qui ne cesse de se déployer pour mieux sécuriser le baigneur, le protéger et lui porter secours en cas de noyade.