«Nous ne pouvons pas avoir une optique de dialogue en dehors des Nations», dira le commodore Angus Somerville. C'est à bord du navire-amiral britannique, «HMS Sheffield», que le commandant de l'escadre navale de l'OTAN, en visite au port d'Alger depuis dimanche et ce, jusqu'au 16 de ce mois, a animé, hier, un point de presse. Le contre-amiral Angus Somerville, à la tête de six bâtiments de type frégate et destroyer, situera la manoeuvre de son escadre dans le cadre du programme de «dialogue méditerranéen» que l'Algérie a décidé de rejoindre officiellement en mars 2000 avec six autres pays. Ce programme, établi par les instances de l'OTAN en 1994, pour assurer un contrôle et une surveillance militaire en Méditerranée «méridionale», n'a pu être effectif qu'en 1997 avec l'autorisation des activités militaires. Déjà en 1996, l'OTAN avait entamé une réflexion pour élargir ses zones d'intérêts vers d'autres régions que l'Europe, en couvrant l'Afrique du Nord notamment. Cet intérêt trouvait ses arguments dans l'immigration en provenance des pays de cette région et dans la stabilité dans cette zone. En d'autres termes, stabiliser les régimes en place afin de prévenir les tensions qui menaceraient l'Europe. Il faudra pour l'Algérie attendre février 2000 pour être conviée à prendre part au programme. Sur les raisons de cette temporisation, le contre-amiral a préféré se taire parce que, dira-t-il, «je ne sais pas». Il en sera de même pour plusieurs autres interrogations qui taraudaient légitimement les journalistes présents, mais que le commandant d'escale n'a pu objectivement satisfaire. Les tenants, les détails, l'arrière-plan et les implications politiques de ce rapprochement entre les forces armées de l'Alliance Nord-Atlantique et le gouvernement algérien ont été évacués pour laisser place aux détails techniques de la manoeuvre de l'escadre navale de l'OTAN à Alger. Cette première interaction militaire, en ce qui concerne l'Algérie, dans le cadre du programme de dialogue de l'OTAN, verra l'implication de six officiers de la Marine algérienne dans un stage à bord des navires otaniens, pendant six semaines. Il s'agit pour l'OTAN de jauger le potentiel et les capacités opérationnelles de l'ANP à travers des exercices militaires. La flottille, composée du «FGS Moelder» (Allemagne), le «HS Limnos» (Grèce), le «ITS Perso» (Italie), le «SPS Andaloucia» (Espagne) et le «TCG Gaziantep» (Turquie), relève de la force navale permanente en Méditerranée. Le déplacement de formations du même acabit a déjà été effectué au Maroc, en Egypte, en Jordanie et en Tunisie. Les officiers otaniens visiteront aussi des infrastructures militaires dont l'Académie navale et la base logistique d'équipement. Il est clair que ce sont les visites répétées de responsables militaires américains à Alger qui sont derrière la consolidation des rapports du gouvernement algérien avec l'OTAN. En 1998, Liamine Zeroual, alors chef d'Etat et Mohamed Lamari, le général de corps d'armée recevaient, pour la première fois en Algérie, un dirigeant militaire américain de haut rang, le vice-amiral Joseph Lopez. Les relations militaires entre les Etats-Unis et l'Algérie allaient obéir depuis à une logique d'évolution précise, portant notamment, selon des sources, sur la fourniture d'équipements de pointe et la participation de l'ANP à des opérations humanitaires et de maintien de paix en Afrique et Méditerranée sous l'égide de l'OTAN. Une option qui reste encore à négocier.