Parmi les blessés, trois dans un état grave. Ils ont été évacués vers le Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed après une première admission à l'hôpital de Bordj Menaïel. La plupart des victimes étaient originaires de Aïn Defla, Oran, Sidi Bel Abbès, Chlef et Beni Amrane (wilaya de Boumerdès). La victime, habitant à Béni Amrane, âgé de 46 ans, était de passage par hasard devant l'école de gendarmerie. Les quatre autres étaient âgés de 18 à 25 ans. Devant l'entrée du bloc des urgences médico-chirurgicales, les va-et-vient des médecins et des infirmiers étaient incessants durant toute la matinée et en début d'après-midi. Les agents de sécurité ne laissaient personne entrer. Des instructions fermes ont été données aux employés de l'hôpital pour ne laisser entrer aucun journaliste à l'intérieur du service. La dizaine de journalistes présents sur les lieux s'étonnent, car suite au dernier attentat de Tizi Ouzou, une attitude tout à fait opposée avait été adoptée à l'égard des correspondants de presse. Ces derniers étaient autorisés à exercer leur mission. Des agents ont informé les journalistes qu'il leur fallait des autorisations de la part de la direction. Le directeur étant en congé, le document exigé était impossible à obtenir. Devant l'entrée du service des urgences, des familles, dont des proches sont sortis le matin et n'ayant donné aucun signe de vie, arrivent. Il s'agit, dans leur majorité, de gens de conditions modestes. Une vieille dame, les yeux embués de larmes, accompagnée d'une proche, arrive paniquée. Elle conjure les agents de sécurité de la laisser entrer. Mais en donnant le nom de son fils, on lui répond qu'il n'a pas été admis ici. «Il est sorti de la maison à cinq heures du matin. Il devait se rendre à Rouiba pour passer un concours car il a eu son baccalauréat. Il m'a dit que lorsqu'il arrivera à Rouiba, il m'appelerait. Il ne l'a pas fait», soupire l'infortunée maman. Elle dit que son fils n'a pas de portable. Elle, non plus. Il devait appeler d'un téléphone fixe. Des personnes présentes sur les lieux essaient de la réconforter en lui disant que l'attentat s'est produit à 7h30. Son fils devait être déjà à Rouiba puisqu'il est sorti à cinq heures. La mère est soulagée pour quelques minutes. D'autres familles arrivent. Elles ne peuvent pas parler car elles sont sous le choc. Une famille ne sait pas si son fils de 23 ans a été atteint par l'attentat. Elle attend en silence que les noms des blessés soient affichés. Plusieurs personnes commentent l'événement. «Je viens d'avoir au téléphone un ami psychologue qui est sur les lieux de l'attentat depuis 8 heures. Il dit que c'est un véritable carnage», affirme un quinquagénaire. Une ambulance d'une clinique privée stationne devant la porte d'entrée du service des urgences. Un blessé, dans un état critique, va être transféré vers le privé. Un médecin sort pour fumer une cigarette. Il est pris d'assaut par les journalistes. Il révèle: «Nous avons reçu cinq blessés. Trois sont dans un état critique. Ces derniers sont dans les blocs opératoires.» A midi, un blessé dans un état de coma profond atterrit au service à bord d'une ambulance de l'hôpital de Bordj Menaïel. Dix minutes plus tard, c'est un autre blessé, toujours à bord d'une ambulance de Bordj Menaïel, qui arrive. Des dizaines de blouses blanches sont en train de travailler avec un remarquable sang-froid. Il faut dire que le personnel médical et paramédical de l'hôpital de Tizi Ouzou est expérimenté dans ce genre d'événements tragiques.