Elles étaient quasi assurées de remporter l'or dans leurs spécialités respectives. Sanya Richards, sur 400 m, et Lolo Jones, sur 100 m haies, ont eu l'or au bout des pointes jusqu'à ce que le rêve tourne au cauchemar pour les deux Américaines à quelques mètres de la gloire. Championnes olympiques! Richards et Jones, grandes favorites dans leur épreuve respective, ont certainement eu le temps d'imaginer leur célébration. Il ne restait que quelques secondes et c'était fait: le tour d'honneur, la première marche du podium, l'hymne américain...Et puis patatras! Richards d'abord. Affectée par la maladie de Behçet, affectation rare qui provoque une grande fatigue, la grande et jolie jeune femme avait manqué les Mondiaux-2007. Alors qu'elle écrasait la discipline depuis plusieurs saisons, elle s'était raté lors des sélections américaines. Cette étape olympique devait être celle de la «rédemption», avait-elle annoncé. Mais c'est une nouvelle terrible désillusion qui devait l'attendre à l'issue de son tour de piste. «J'ai travaillé tellement dur pour ça. Je suis dévastée. Je contrôlais encore la course à la sortie du dernier virage et j'ai ressenti une crampe aux adducteurs à 70 mètres de la ligne. Je me sens encore trahie par mon corps. C'est un coup dur», se lamente-t-elle. La médaille de bronze ne parvenait même pas à lui soutirer un sourire sur le podium. Moins de trente minutes plus tard, sa compatriote Lolo Jones est en bout de ligne droite. Auteur de la meilleure performance mondiale de l'année, la sculpturale championne du monde du 60 m en salle est à 100 m et dix haies du sacre. La neuvième haie sera fatale. Le pied accroche l'obstacle alors qu'elle est aisément en tête. Le déséquilibre est trop important, trop flagrant, trop injuste. Jones reste prostrée de longues secondes sitôt la ligne franchie tant bien que mal. Agenouillée, elle fixe l'écran géant, voulant croire au miracle. Il ne viendra jamais. Son nom apparaît en 7e position. «C'est difficile ce soir. Ce sera pire demain. Je suis tellement triste. J'avais l'impression d'être au volant d'une voiture et d'en avoir perdu le contrôle», soupire l'Américaine. Et comme c'est du sport, les malheurs du duo de charme a fait le bonheur de deux opportunistes: la Britannique Christine Ohuruogu sur le 400 m et l'Américaine Dawn Harper sur 100 m haies. Pour Ohuruogu, ce titre confirme celui des Mondiaux d'Osaka en août dernier et cette fois il ne lui sera pas reproché d'avoir gagné sans la N°1 mondiale. Par contre, il ne fera peut-être pas taire les sceptiques. Car une réputation sulfureuse précédait la Britannique, suspendue un an, jusqu'en août dernier, quelques jours avant les Mondiaux 2007 pour avoir manqué trois contrôles antidopage inopinés. Dawn Harper est, de son côté, sorti de l'anonymat avec cet obstacle manqué de sa compatriote, avec une première médaille internationale. Et ces deux-là n'iront certainement pas pleurer avec les vaincues du jour.