Comme on dit souvent, la persévérance paie toujours. La 4e journée des Championnats du monde d'athlétisme de Berlin a été à l'enseigne du proverbe «tout vient à point pour qui sait attendre», du moins pour quatre des cinq vainqueurs, en particulier l'Américaine Sanya Richards sur 400m. L'attente d'un premier titre mondial a été encore été plus longue pour la lanceuse de javelot allemande Steffi Nerius, trois fois troisième jusqu'à Berlin, et le steeplechaser kenyan Ezekiel Kemboi, abonné aux 2e places, en 2003, 2005 et 2007. «Enfin! Venir et gagner ici, ça vaut tout l'or du monde», s'est exclamée la jeune femme, d'origine jamaïcaine. Richards, 24 ans, qui domine les bilans mondiaux du 400 m depuis 2005, avait raté les grands rendez-vous abordés en favorite, pour récolter seulement du bronze aux Jeux de Pékin et de l'argent aux Mondiaux 2005 à Helsinki. Richards, qui a cette fois tenu dans la dernière ligne droite, a même réalisé la meilleure performance de la saison en 49 sec 00. «En janvier, j'ai dit à mon entraîneur que j'étais fatigué des médailles d'argent», a déclaré Kemboi, certes champion olympique en 2004 mais toujours un gradin en dessous aux Championnats du monde. En 2003 et 2005, il avait dû s'incliner face au finish de son ex-compatriote Stephen Cherono, rebaptisé Saïf Saeed Shaheen sous le maillot du Qatar. Le détenteur du record du monde (7:53.63), blessé, n'était pas là en 2007, non plus que, à court de forme, cette année. Au Japon, Kemboi avait trouvé son maître en Brimin Kipruto, qui avait confirmé son ascendant aux Jeux de Pékin. A Berlin, Kipruto a pris seulement la 7e place, celle justement de Kemboi en Chine. Si la hiérarchie a donc changé chez les hommes au maillot rouge, leur domination d'équipe ne s'est pas démentie. En quinze Championnats du monde, le Kenya s'est imposé 12 fois, sans compter que Shaheen est un pur produit de son école. Nerius a prolongé une tradition, celle des anciens de la RDA qui rendent toujours service à l'Allemagne réunifiée. A 37 ans, elle a planté son javelot devant celui de la Tchèque Barbora Spotakova, rien de moins que la championne olympique et détentrice du record du monde. «C'est incroyable», a répété Nerius, n'arrêtant pas de remercier le public, les physiothérapeutes et son entraîneur. Et annonçant qu'elle allait mettre un terme à sa carrière, après un dernier «petit» concours le 13 septembre. Le triple sauteur britannique Phillips Idowu, médaille d'argent aux JO 2008, n'avait remporté finalement, à 30 ans, que l'or des Jeux du Commonwealth en 2006. Un peu juste pour ce colosse (1,92 m) de père nigérian, qu'on remarque en outre pour ses cheveux colorés en rouge et un bandeau blanc. «C'est un moment important et j'ai eu besoin de cinq minutes pour retrouver ma respiration», a avoué le supporteur d'Arsenal. Au 3e essai, il a amélioré son record personnel de 17,68 m, qui datait de sept ans, pour atterrir à 17,73 m. Il a battu son vainqueur de Pékin et tenant du titre, le Portugais Nelson Evora. L'Américain Kerron Clement partage avec les autres vainqueurs du jour, à l'exception de Kemboi, la caractéristique de posséder un ou des parents étrangers à leur nouveau pays. Le Floridien, large vainqueur du 400 m haies, est né à la Trinidad. Ce qui le distingue des «autres» quand même, c'est que Clement a conservé son titre. Enfin, comment ne pas mentionner Usain Bolt qui a fait preuve d'une grande patience lors des deux premiers tours du 200 m? Vivement la finale, ce jeudi.