Emission de faux mandats et autorisation de paiement de mandats. Un nouveau scandale, qui vient de secouer le département des Postes et Télécommunications (P et T), a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années où des détournements de sommes d'argent faramineuses ont été portées à la connaissance du grand public. Cette fois-ci, la direction régionale des P et T de Annaba est directement montrée du doigt. Des documents parvenus au journal font ressortir l'émission de faux mandats ainsi que le double paiement de mandats qui ont fait déjà l'objet d'un paiement en bonne et due forme à leurs destinataires. Par ce procédé ingénieux du département de M.Maghlaoui, le déficit porté au Trésor public se chiffre, chaque année, à des centaines de millions, selon ces documents. Un mandat de 100 millions de dinars portant le numéro d'émission 170 n'a pas fait l'objet d'une inscription au service de la comptabilité pour le bureau d'Alger. De même pour un autre mandat de 165.000 DA émis au bureau de Bouteldja, wilaya d'El-Tarf qui enregistre un grand nombre de faux mandats allant de 59.640 jusqu'à 162.865 DA, en plus du lot de mandats doublement payés. Le détournement d'argent dans le secteur des P et T a touché également d'autres wilayas de l'Est du pays comme Tébessa, Souk-Ahras et Skikda. A titre d'exemple, on ne trouve pas de trace d'un mandat d'une valeur de 100 millions de dinars sous le numéro d'émission 332 du bureau d'El-Aouinet (Tébessa) n'a aucune trace. De même pour le bureau de Skikda RP avec un mandat de 385.000 DA. Ces détournements enregistrés dans les grandes villes comme dans les communes d'El-Kala, de Aïn Kechra, d'El-Hadjar, de M'daourouch, de Kaïs, de Sédrata, etc. au profit certainement de quelques travailleurs du secteur ont vidé les caisses de d'Etat pour remplir les poches de ces pseudo-fonctionnaires. Le pot aux roses vient d'être découvert au centre régional de la comptabilité des P et T de Annaba. Les documents en notre possession qui démontrent le grand nombre de détournements flagrant d'argent durant l'année 99-2000 dans le secteur et qui n'ont fait l'objet d'aucune recherche ou enquête. Encore des centaines de mandats ont fait l'objet d'un double paiement à leurs destinataires qui n'ont pas hésité à signaler cet état de fait à qui de droit. La procédure habituelle d'émission et de paiement de ces mandats n'a pas été et n'est toujours pas respectée par le personnel de la direction régionale des P et T, compte tenu de son incompétence notoire ou de sa complicité. Pourtant, pour ce genre d'opérations, il existe un centre de contrôle bien structuré. En principe avant la délivrance d'une autorisation de paiement par ce centre, une enquête est ouverte afin de s'assurer que le titre d'un mandat est inexistant auprès du centre de contrôle, qui est censé classer et conserver les mandats payés par les bureaux de postes de la région de Annaba durant 24 mois. En revanche, on a aussi constaté l'émission de faux mandats de service qui permettent aux receveurs de s'enrichir. En effet, le receveur qui émet ce faux mandat de service ne l'inscrit pas sur l'état d'émission, ce qui lui permet d'encaisser là les sommes d'argent qu'il doit remettre à un bureau d'attache. Nous avons appris que passé le délai de 24 mois (selon le règlement des P et T), tous les états d'émission et titres de mandats sont détruits, ce qui rend presque impossible toute vérification. A première vue, la mécanique administrative de ce centre régional des P et T n'est pas bien «huilée», vu les défaillances de grande importance. Le directeur régional des P et T de Annaba a été saisi à plusieurs reprises de cette situation selon les documents en notre possession. A-t-il réservé des suites? A-t-il diligenté une commission d'enquête afin de sauvegarder les deniers de l'Etat? D'après des fonctionnaires contactés par nos soins pour vérification préliminaire, ce centre emploie des jeunes filles dans le cadre de l'emploi de jeunes. Nous avons appris également que le harcèlement sexuel par les cadres de la direction régionale est courant. Une affaire pareille de cette même structure est portée devant les juridictions compétentes. Des retraités interrogés, ont soutenu ouvertement la thèse selon laquelle la création de la direction régionale de Annaba a compliqué beaucoup plus la situation de gestion des services des P et T. Elle a permis aussi à certains de «bouffer» de l'argent. Selon eux, certaines autorisations de paiement délivrées durant l'année 2000-2001 dont les états d'émission et titres devraient normalement être conservés par le centre régional en question, peuvent renseigner, et avant leur destruction, les autorités compétentes sur l'ampleur des dégâts occasionnés à l'économie nationale.