La ville des genêts n'étant plus ce qu'elle était, il devient de plus en plus difficile de canaliser l'afflux quotidien des citoyens. Le week-end dernier a sans doute battu le record du nombre de fêtes de mariage célébrées dans les quatre coins de la wilaya. C'est le dernier quart d'heure pour festoyer car Ramadhan constitue une date butoir systématique que devaient respecter l'ensemble de ceux qui avaient l'intention de convoler en justes noces cet été. Un été chaud sur tous les plans. L'attentat contre l'ex-siège des renseignements généraux de la police est encore vivace dans les esprits même si la vie a repris ses droits. Depuis samedi, l'affluence sur la ville des Genêts a augmenté considérablement. Le climat s'est amélioré. La fréquentation des plages a baissé ostensiblement depuis jeudi, toujours à cause de la clémence relative du climat. Dimanche dernier, Tizi Ouzou grouillait de monde plus que de coutume. Mais ce n'est pas encore la ruée vers les librairies. Pourtant, habituellement en cette période, des parents visionnaires prenaient d'assaut les librairies avant que les prix ne flambent. Le Ramadhan y est-il pour quelque chose? Incontestablement. Des parents questionnés avouent qu'après avoir été déplumés par les fêtes (chaque famille est concernée en moyenne par un mariage tous les quinze jours), il sera difficile de faire face à deux événements aussi importants, en même temps. Même s'il s'agit d'une région moins conservatrice qu'elle ne le fut dans le passé, Tizi Ouzou demeure fidèle à tous les rites qui caractérisent le mois de Ramadhan. Les mouvements et l'animation qu'enregistre quotidiennement la capitale du Djurdjura, pendant trente jours, sont phénoménaux. A partir de quatorze heures, la fièvre s'empare du moindre recoin de la ville. Les pâtisseries orientales, les boulangeries et tous les autres magasins d'alimentation générale sont pris d'assaut. Paradoxe! D'un côté, les gens se plaignent de la cherté de la vie pendant le mois de Ramadhan et de l'autre, les files s'étendent quotidiennement devant les magasins. En réalité, il n' y a point de contradiction. Car, en parallèle et presque à la même heure, d'autres files aussi interminables se forment devant les nombreux restaurants du coeur. Sans oublier ceux, et ils sont nombreux qui, pour une raison ou autre, préfèrent se cloîtrer et se nourrir de ce qui «est écrit». C'est donc un mois de Ramadhan aussi fébrile que les précédents qui attend les Tizi Ouzéens. Les autorités mettent en place des dispositifs spéciaux pour gérer la situation extraordinaire que génère le rythme ramadhanesque. Mais la ville de Tizi Ouzou n'étant plus ce qu'elle était, il devient de plus en plus difficile de canaliser l'afflux quotidien des dizaines de milliers de citoyens qui débarquent chaque matin. Cette dernière bute chaque année sur l'insurmontable problème de la circulation routière qui devient ingérable. En dépit du nombre important de projets réalisés ces cinq dernières années dans le domaine des travaux publics: entre autres, les trois trémies, le pont du carrefour du 20 Avril et de l'autoroute dite Rocade sud, Tizi Ouzou ne peut plus accueillir toutes les voitures qui la traversent quotidiennement pendant le mois de Ramadhan. Ceci, à cause du fait que les journées soient écourtées mais surtout à cause de l'empressement inexpliqué dont fait preuve une grande partie des citoyens. Comme chaque année également, les soirées s'annoncent animées mais insuffisamment, car Tizi Ouzou ne dispose que d'un seul site pouvant accueillir des activités artistiques, à savoir la Maison de la culture. Très peu pour une ville dont la densité en population ne cesse de croître. Bien que la vie ne se soit pas arrêtée même après l'attentat suicide récent, il n'en demeure pas moins que la crainte d'autres actes terroristes habite les esprits. Une peur que l'habitude a presque banalisée.