Réduire la facture des importations tous azimuts, mettre fin aux investissements spéculatifs, notamment des entreprises étrangères opérant en Algérie, et surtout empêcher les sorties des devises des compagnies étrangères exerçant dans notre pays, en les incitant à réinvestir localement, sont, entre autres, les mesures phares prises ces derniers mois par les pouvoirs publics en termes de politique d'investissement. Des instructions ont été, en effet, prises par le gouvernement Ouyahia, notamment après le discours du chef de l'Etat devant les maires, tenu le 26 juillet dernier. Le Premier ministre a, dans ce sens, fixé plusieurs modalités concernant les investissements étrangers à la fin de l'exercice écoulé. l'une de ces dispositions, au nombre de quatre, est entrée en vigueur hier. Celle-ci oblige, désormais, les entreprises étrangères commerciales installées en Algérie à ouvrir leur capital aux sociétés nationales importatrices à hauteur de 30% au minimum. En d'autres termes, les groupes étrangers installés dans notre pays vont devoir se trouver des partenaires algériens et ils doivent le faire avant le troisième trimestre de l'année 2009. Selon le ministère du Commerce, cette mesure concerne notamment les sociétés étrangères qui importent des matières premières et des produits destinés à la revente en l'état. L'obligation doit s'appliquer à partir du 1er mars pour les nouveaux arrivants, explique la circulaire du Premier ministre, alors que les firmes étrangères déjà présentes dans le pays devront se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation d'ici au 30 septembre prochain. En chiffres, près de 1 600 sociétés étrangères sur les 23 500 entreprises importatrices opérant en Algérie, au premier rang desquelles figurent les importateurs d'automobiles, sont concernées par cette nouvelle réglementation. Le premier objectif visé par ces mesures, de l'avis des spécialistes en la matière, est de réduire la facture de l'importation qui surfe allègrement sur 40 milliards de dollars en 2008. Mieux, celle-ci va tenter de mettre fin à toutes sortes d'investissements spéculatifs, dont le degré de «nuisance» sur l'économie nationale n'est plus à démontrer. Elle tend, également, à réduire les sorties des devises des compagnies étrangères qui opèrent, en Algérie, pour les inciter à réinvestir localement. Enfin, la mesure d'Ouyahia, appliquée depuis hier, doit permettre d'éviter que des secteurs d'activité stratégiques n'échappent complètement à l'Etat, ajoutent certains experts. «Notre pays est devenu de plus en plus attractif en termes d'IDE ces derniers temps. Cette mesure ne changera pas la donne en ce sens qu'elle ne freinera pas le nombre d'hommes d'affaires étrangers voulant investir ici en Algérie. Car elle doit être interprétée comme un partenariat gagnant-gagnant entre les locaux et les étrangers», a expliqué un expert, en ajoutant que les dernières mesures prises par l'Etat visent à réduire les importations d'autant que le marché algérien est envahi par des biens importés. La facture des importations a progressé de 300% en six ans. «Les importateurs importent massivement des marchandises contrefaites, sans payer les taxes et les droits de douane et inondent, de ce fait, le marché algérien de produits de mauvaise qualité. Ce comportement porte préjudice aux producteurs locaux», juge-t-il plus loin. S'agit-il d'une restriction telle qu'interprétée par certains milieux d'affaires étrangers, notamment français ? Pour un certain nombre d'observateurs de la scène économique algérienne, la décision des pouvoirs publics ne peut, en aucun cas, être interprétée dans ce sens, compte tenu des objectifs visés. En clair, les mesures d'Ouyahia, veulent éviter le détournement des achats de foncier à des fins spéculatives et non industrielles, mais surtout mettre fin «à l'appétit grandissant des multinationales opérant en Algérie». «Le gouvernement a instruit les différentes administrations concernées que, dorénavant, l'Algérie compte détenir la majorité du capital», précise le communiqué du gouvernement, qui déclare que cette décision a pour objectif de «sauvegarder les intérêts nationaux et cela conformément aux usages internationaux qui ne vont pas à l'encontre de tels choix.» «L'Etat a un grand rôle à jouer lorsqu'il s'agit de sauvegarder les intérêts nationaux. L'absence de l'Etat dans ce genre de situation ne peut que porter un coup fatal à l'économie nationale. Preuve en est la crise économique mondiale qui a enseigné à tout le monde que l'Etat peut jouer un rôle clé pour une sortie de crise, notamment par son rôle régulateur», ajoute un autre expert. Il est utile de signaler dans ce sens que les chiffres de l'ANDI montrent que les investissements réalisés par les entreprises locales se taillent la part de lion en termes de volume. En effet, pas moins de 50 000 projets pour un montant de 4 153 milliards de DA, soit 71,6%, sont réalisés par les investissements locaux, alors que ceux en partenariat avec les étrangers ne dépassent guère 291 projets pour un montant dépassant légèrement 700 milliards de DA (12,5% de l'investissement global). S. B.