La ville donne l'impression de se remettre peu à peu du départ massif des vacanciers. Encore «groggy» par le rush des estivants, surtout les «aoûtiens», la capitale des Hammadites n'est gagnée ni par l'angoisse, encore moins l'affolement ou l'effervescence qui caractérisent les veilles d'évènements, fussent-elles aussi particulières que celles du mois sacré du Ramadhan. Que cela soit du côté de la place «Gueydon» ou des petites ruelles alentour, à l'instar de la rue des Vieillards, l'animation n'a rien d'exceptionnel. Elle est même habituelle. Pizzerias et marchands de glaces continuent à faire le bonheur des badauds. Les rotisseries longent les rues et continuent à exhiber au bout de leurs broches, des poulets dorés qui donnent l'eau à la bouche. A «Daouadzi», au quartier «Seghir», à la cité du 5 Juillet, les terrasses de cafés et de restaurants, accueillent leurs derniers clients, le plus normalement du monde. Les Bougiotes ont leur ville à eux et uniquement pour eux. Et ils entendent profiter pleinement de ces quelques heures qui les séparent du début du mois de jeûne, après avoir accueilli, avec l'hospitalité légendaire qui les caractérise, des centaines de milliers de vacanciers. La dernière vague devait quitter les plages et les côtes enchanteresses de la région, hier. La ville sort de sa torpeur et des soirées interminables qui l'ont redoutablement marquée. Un rythme infernal et endiablé lui a été imposé. Ce n'est pas un trait de caractère qui singularise le Béjaoui. Il y a chez lui quelque chose qui ressemblerait à ce flegme britannique. Ici, le mois du Ramadhan est attendu le plus normalement du monde. Sans tambour ni trompette. Route de l'Aurès, deux jeunes filles sont attirées par une boutique qui vend des «jeans» dernier cri. Une scène qui symbolise à elle seule la sérénité avec laquelle est attendu ce rendez-vous annuel du mois de Ramadhan. Un tour du côté des magasins et des «supérettes», suffit pour voir que les ménagères font leurs courses le plus normalement du monde. Huiles, pâtes, produits de nettoyage...remplissent les couffins. «On trouve de tout, des pruneaux et des raisins secs, des amandes...C'est dommage que cela ne soit vendu que par sachets d'un kilogramme», nous fait remarquer une jeune femme qui venait de faire ses emplettes dans un magasin de Ihadadden. Les marchés de fruits et légumes connaissent un rythme de fréquentation somme toute, en rien exagéré. A «El-Khemis» ou au marché municipal qui fait face aux locaux de l'administration de l'APC, les prix ont pris leur envol. Les boucheries ne sont guère submergées, elles-aussi. Le coup de starter sera donné probablement aujourd'hui. Il y a fort à parier que ce seront surtout les boulangers qui décrocheront la palme. Quant aux Bougiotes, ils dégusteront leur pain blanc dans la joie et la bonne humeur. Comme d'habitude à pareille époque, le mois du Ramadhan s'installe dans la discrétion, dans leurs foyers, ils y sont déjà préparés, sans un moindre soupçon d'ostentation.