Placée sous le signe de la reprise, la saison estivale qui s'achève a été prometteuse à plus d'un titre, à Bejaia. Tout comme le reste des Algériens, fatigués par une décennie d'isolement des suites de la crise multidimensionnelle avec son lot d'insécurité et d'instabilité, les citoyens de Béjaïa, selon les moyens de chacun, sont gagnés par un engouement pour tout ce qui est fête, joie et plaisirs. Contrairement aux trois dernières années, la capitale des Hammadites a vécu une saison estivale tranquille et sereine. Une saison qui, franchement, reste différente des précédentes en ce sens qu'elle s'est illustrée par un redémarrage certain aussi bien sur le plan économique que social. La saison estivale qui s'achève n'a été marquée, en effet, ni par les grèves ni par les marches. Autant de facteurs qui n'ont fait que rassurer les millions de visiteurs venus aussi bien de l'étranger que de l'intérieur du pays. C'était véritablement un rush d'estivants sans précédent sur les régions côtières et même dans les villages les plus reculés. Le retour massif des émigrés et les célébrations ininterrompues de mariages et autres fêtes familiales étaient autant de signes indiquant que la vie reprenait ses droits. C'était là l'impression qui se dégageait de tous ces rendez-vous réunissant les membres d'une société qui s'emploie désormais à rattraper le temps perdu. Les nombreuses plages du littoral béjaoui étaient visiblement exiguës pour contenir ces foules de plaisanciers. La plage a constitué, certes, la principale attraction de l'été 2004 mais il y a lieu aussi de relever d'autres activités très prisées par les vacanciers, à l'image de toutes ces activités culturelles et artistiques qui ont connu un grand succès. La deuxième édition des Journées cinématographiques de Béjaïa, le quatrième rendez-vous du Festival de la chanson amazighe, le Salon national de l'artisanat, autant de manifestations culturelles réussies. Chaque soir, l'animation est assurée un peu partout dans les villages touristiques et les campings. A l'est comme à l'ouest, toutes les structures hôtelières affichaient complet. Les professionnels du tourisme manifestaient encore leur satisfaction d'une saison pleine après trois années de disette, induites par les événements douloureux d'avril 2001. Hôteliers, restaurateurs et transporteurs renouent avec l'activité donnant parfois l'impression d'être dépassés et submergés par l'énorme flux de plaisanciers. Si la côte est de Béjaïa a connu une arrivée massive de vacanciers des régions de l'Est, l'affluence record relevée sur le rivage Ouest est constituée de milliers de baigneurs et de randonneurs, essentiellement issus des régions du Centre. Boulimat et Saket, qui ont pensé au pire après les attentats terroristes qui ont endeuillé en début de saison les lieux, ont très rapidement renoué avec une ambiance estivale riche en couleurs et en animation. A la faveur de cette reprise, les petits travaux saisonniers ont refait leur apparition laissant l'occasion aux enfants et adolescents issus des familles démunies de s'occuper en faisant des petites affaires, façon d'aider au mieux les parents pauvres, à préparer la rentrée scolaire. Si pour les habitants des villes côtières, les plages et les sites touristiques étaient les endroits les plus prisés où l'on proposait aux touristes divers objets artisanaux, il n'en est pas de même pour ceux des villages de montagne qui n'ont d'autre choix que de travailler dans les champs et les chantiers. En définitive, la Kabylie a retrouvé la joie de vivre. L'été qui s'achève, aura été un signe qui ne trompe pas quant à la normalisation de la situation dans cette région du pays.