L'Union européenne ne veut pas être dépendante de la seule Russie pour sa sécurité énergétique. Le Vieux Continent. tremble: le partenariat énergétique avec l'Europe doit être redéfini. Le vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), et néanmoins expert en énergie, Mustapha Mékidèche, a plaidé dimanche dans la soirée pour une «redéfinition» du contenu du partenariat énergétique entre l'Algérie et l'Union européenne (UE). C'est dans un cadre «d'un nouveau rapport de force désormais instauré dans le marché mondial de l'énergie» que ce partenariat devra être révisé a-t-il estimé. S'exprimant lors d'une rencontre débat organisée à Alger, dimanche dans la soirée, par la fondation Friedrich Ebert sur l'évolution du secteur des hydrocarbures en Algérie depuis 1958, Mekideche a estimé que «l'Algérie doit redéfinir, avec l'UE, le contenu d'un partenariat stratégique gagnant-gagnant car le rapport de force dans le marché mondial de l'énergie le permet.» Ce partenariat est concerné par les exportations algériennes de gaz vers l'UE, car elles constituent la principale source d'énergie pour plusieurs Etats membres de la zone euro, notamment l'Espagne et l'Italie. Ainsi, selon lui, «le nouveau rapport de force entre exportateurs et consommateurs de gaz s'articule sur trois éléments stratégiques».Se voulant plus précis, il expliquera que le premier de ces éléments est que l'Algérie, qui dispose d'excédents financiers considérables, peut prendre en charge, complètement ou en partenariat, le financement des nouvelles infrastructures énergétiques liées à la commercialisation de cette énergie (recherche, production et transport). Le second élément repose sur le fait que les fondamentaux des marchés énergétiques donnent l'opportunité à l'Algérie de mieux vendre son gaz à court terme, face à la hausse des prix du pétrole, pour en tirer plus de profits. Enfin, les approvisionnements en gaz algérien «sont une composante fondamentale de la sécurité énergétique de l'UE qui ne veut pas dépendre uniquement du gaz russe», a-t-il expliqué. Mékidèche a, en outre, abordé le modèle en cours en ce qui concerne la consommation énergétique en Algérie qu'il juge «inapproprié dans les faits». Le modèle actuel, caractérisé par un «gaspillage de l'énergie de la part des ménages et des activités», devrait être remplacé par un autre modèle «plus sobre» selon le vice-président du Cnes. Ce faisant, il favorisera la consommation des GPL et du gaz naturel, qui devrait prendre le pas sur celle des produits raffinés. La promotion de ce nouveau modèle de consommation doit s'appuyer, selon lui, sur une politique de prix «appropriée et une communication soutenue» en direction des ménages, transports et industries. Abordant la structure actuelle des prix de l'énergie dans le marché local, Mekideche a jugé nécessaire, pour les pouvoirs publics, de «réévaluer régulièrement et en transparence les coûts du gaz (...) en Algérie pour éviter des transferts implicites de rentes au motif d'avantages comparatifs» accordés aux investisseurs étrangers. A l'exception, dira-t-il, des unités de dessalement de l'eau de mer et des infrastructures d'électrification destinées aux ménages, cette reconsidération des cours doit toucher toutes les industries et activités consommatrices de gaz. La politique énergétique de l'Algérie a été aussi évoquée par Mekideche qui a, une nouvelle fois, soulevé la problématique du rythme d'exploitation des ressources énergétiques du pays. Le débat qui a suivi son intervention a porté notamment, sur la loi sur les hydrocarbures et l'internationalisation des activités de Sonatrach.