L'Union européenne apparaît comme un colosse aux pieds d'argile face au géant russe, premier producteur mondial de gaz et deuxième producteur de pétrole. La crise énergétique que vit actuellement l'Europe risque d'accélérer la signature du mémorandum soumis à la fin de l'année dernière aux autorités algériennes par l'Union européenne. En effet, dans un contexte tendu avec la Russie, l'UE cherche à diversifier ses approvisionnements en énergie tout en diversifiant ses fournisseurs afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Quatre Etats membres de l'Union (Allemagne, Pologne, Hongrie et Slovaquie) ont déjà concrètement subi, avec des baisses d'approvisionnement, les conséquences des divergences entre la Russie et ses voisins sur le contrôle de l'acheminement des hydrocarbures. Les livraisons de pétrole passant par l'oléoduc de Droujba, reliant la Russie à la Pologne, l'Allemagne et la Slovaquie, et par lequel transitent chaque jour l'équivalent de 1,8 million de barils, ont été interrompues sans avertissement. Le litige concerne l'accusation portée par la Russie à l'encontre du Belarus, selon laquelle ce dernier «pompe» du pétrole de l'oléoduc de Droujba en guise de paiement en nature de ce qu'elle estime être une taxe illégale prélevée sur les exportations russes de pétrole. Que se passerait-il, demain, en cas de situation nettement plus tendue et que vaudraient alors les accords commerciaux passés avec la Russie, fournisseur de l'Europe de 12% de sa consommation en pétrole? D'ores et déjà, l'UE se penche actuellement sur des mécanismes de solidarité qui permettraient de faire face à ce type de crise en matière d'approvisionnement énergétique, d'une part, et sur une politique énergétique extérieure commune, d'autre part, qui lui permettra de s'exprimer d'une seule voix dans ses relations avec les autres pays. Dans cette perspective, l'Algérie se place en bonne place. Aussi, pour que le scénario de Droujba ne se reproduise, la Commission européenne, selon certaines sources proches de Bruxelles, a relancé l'Algérie au sujet de l'établissement du partenariat énergétique. La Commission européenne veut, dans ce sens, conclure rapidement un accord de coopération énergétique avec l'Algérie, fournisseur actuellement de l'Europe à hauteur de 10% de sa consommation en gaz. Cette éventualité est confortée par les propos d'Alexander Rahr, expert à la société allemande de politique étrangère (Dgap) qui a averti Moscou à ne pas commettre l'erreur de croire que «l'UE n'a d'autre alternative que de dépendre d'elle» pour son approvisionnement énergétique. Aussi, la signature d'un tel accord permettra le doublement des exportations algériennes en hydrocarbures. Dans la perspective de doublement des exportations algériennes, avec les différents accords bilatéraux, ce volume devrait atteindre l'équivalent des exportations russes, premier partenaire de l'UE en matière énergétique. Dès lors, l'Algérie se place comme sauveur d'une Europe en crise énergétique. En effet, le futur gazoduc transcontinental Medgaz, devant relier Beni Saf, en Algérie, et Almeria, en Espagne, sera une source d'approvisionnement de gaz pour l'Europe «fiable» et la «plus économique», a souligné le président de la société Medgaz, Pedro Miro. «L'expérience de toutes ces années a démontré que l'Algérie est fiable, sûre. De plus, la source de gaz la plus proche au sud de l'Europe est l'Algérie», avait-t-il affirmé. Et d'ajouter «tous confirment que Medgaz et, par conséquent, le combustible algérien à travers ce gazoduc, est la source la plus économique d'approvisionnement de gaz non seulement pour le sud de l'Europe mais pour l'Europe en général». Sur un autre plan, une étude scientifique sur les énergies alternatives a révélé que l'Algérie pourra satisfaire la totalité des besoins de l'Europe en électricité à partir de l'énergie solaire à l'horizon 2050. «L'Algérie, qui exporte d'importantes quantités de pétrole et de gaz vers l'Europe par canalisations, recèle de grandes ressources d'énergie solaire à même de satisfaire la totalité des besoins de l'Europe en électricité», indique l'étude élaborée par deux scientifiques allemands.