La mal-vie et les soucis au quotidien expliquent, en partie, un phénomène qui n'a que trop duré. Deux matches de la 4e journée du cham-pionnat de la division2, OM Arzew-USM Bel Abbès et ES Mostaganem-MC Oran, qui se sont déroulés ce vendredi, n'ont pu aller à leur terme. Ils ont été arrêtés par leurs arbitres respectifs à cause des scènes de violence qui venaient de se produire dans les deux stades. Il y a bien longtemps que le football algérien est entré dans les rubriques des faits divers de la presse nationale. A défaut de nous montrer des matches de haute qualité, il nous sert de la violence provoquée, le plus souvent, par des supporters. Une fois de plus, il s'agit de ne pas s'égarer pour affirmer que tout cela n'est que le résultat d'une frange de jeunes voyous. Nous avons dit et continuerons à dire qu'il y a un réel problème de mal-vie en Algérie. Les jeunes qui s'adonnent à de la casse dans et autour de nos stades n'en peuvent plus de vivre dans un monde où l'avenir est incertain, où le chômage et l'oisiveté sont leur quotidien, dans des cités-dortoirs où la grisaille du béton ajoute à la tristesse ambiante. Qu'ils soient d'Arzew, de Tlemcen, de Chlef, d'Alger, de Tizi Ouzou, de Sétif, de Constantine, de Batna, de Ouargla ou de Annaba, les jeunes Algériens sont confrontés aux mêmes soucis. Et leur réaction est la même partout. Notamment dans les stades, des endroits propices où ils peuvent crier leur désespoir. Ces jeunes-là sont à l'image d'autres jeunes d'autres pays marginalisés qui se servent du sport pour se défouler. Qu'on le veuille ou non, le hooliganisme n'est pas né en Algérie mais bien en Angleterre et ce sont les jeunes de la banlieue parisienne qui sèment souvent le désordre dans le Parc des Princes lors des matches du Paris SG. Dans ces pays-là, le problème a été pris à bras le corps pour juguler le phénomène. Imaginez qu'en Italie, on vient de suggérer la possibilité de créer des cellules de prison dans toutes les enceintes sportives après avoir interdit tout déplacement dans le pays de supporters de l'équipe de Naples. La violence est toujours perceptible dans les pays européens mais il faut reconnaître qu'elle a grandement diminué grâce à des mesures draconiennes prises par les autorités. Chez nous, très souvent on apprend que la police a procédé à des interpellations lors des incidents qui ont lieu dans des stades. Mais apparemment cela s'arrête là, même si les fautifs «récoltent» au passage un séjour en prison. Ne faudrait-il pas que nos services de police, en collaboration avec les clubs, en arrivent à ficher tous les casseurs à qui il conviendra d'interdire tout déplacement les jours de matchs et d'entrer au stade? En l'absence de caméras de surveillance dans nos stades, il faut trouver le moyen de canaliser ces foules qui envahissent les stades chaque week-end et surtout de les contrôler car il n'est pas normal que des gens aient pu faire entrer des armes blanches dans les stades d'Arzew et de Mostaganem si l'on en croit des confrères qui se trouvaient sur place. La saison sportive vient, à peine, de démarrer. Qu'en sera-t-il lors de son troisième tiers au moment où chaque point gagné vaudra son pesant d'or? La FAF, les clubs et les autorités ont le devoir de faire en sorte que ce phénomène s'éloigne des stades qui ont été construits, avant tout, pour la pratique sportive et non pour «se rentrer dedans».