La banque de données sur l'emploi, telle qu'annoncée par Tayeb Louh, sous-entend que le gouvernement avance en tâtonnant en matière de politique d'emploi. Le département de Tayeb Louh procèdera à des enquêtes trimestrielles sur l'emploi et le chômage en Algérie. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale délègue cette tâche à l'Institut national du travail (INT) dans le but de disposer, à partir de 2009, d'une banque de données. «Nous avons adressé au niveau de l'INT la réalisation d'enquêtes trimestrielles sur l'emploi et le chômage qui permettra, à partir de 2009, d'avoir un suivi régulier de toutes les fluctuations et les phénomènes qui affectent le domaine», a indiqué à ce propos, Saïd Anane, directeur de l'emploi au ministère du Travail. Selon ce dernier, le gouvernement disposera ainsi d'une banque de données, un tableau de bord qui lui permettra d'ajuster les politiques au jour le jour. Le même responsable a indiqué que ces enquêtes entrent dans le cadre de l'amélioration de la connaissance du marché de l'emploi, un des axes du plan d'action pour la promotion de l'emploi, de la lutte contre le chômage, qui a été adopté par le gouvernement. L'ambition de cette action, faut-il le signaler, est également de permettre à l'Algérie de faire baisser le taux de chômage à moins de 10% à l'horizon 2010. Finalement, le projet d'une banque de données, tel que décrit par Tayeb Louh, est la confession implicite des pouvoirs publics qu'ils pilotaient à vue en matière de politique d'emploi et d'estimation des réalités du monde du travail en Algérie. Vu que nombre d'experts reprochent justement aux décideurs de s'être longtemps appuyés sur des protocoles de calculs peu objectifs. Aussi, craignent-ils que la fameuse banque de données, promise par Tayeb Louh arrive un peu tard, au vu des «dommages collatéraux» occasionnés par la guerre des communiqués émis sur les chiffres du chômage dans notre pays. A telle enseigne que d'aucuns se demandent comment le gouvernement algérien a pu effectuer, faute de données établies, des projections pour l'avenir en matière de politique d'emploi, bien qu'ils saluent l'avènement, de pareille banque de données pour peu qu'elle vienne pallier aux erreurs qui auraient pu entacher toutes les stratégies gouvernementales dans bien des secteurs. Rappelons qu'au moment où Tayeb Louh annonce ladite banque de données, nombre de spécialistes reprochent à la démarche de son département de trop s'appuyer sur les chiffres livrés par l'ONS (Office national des statistiques) dont ils contestent la qualité et la fiabilité de ses enquêtes. Arguant que la méthode suivie par l'ONS est relativement scientifique, au vu des moyens humains et matériels dont dispose cet organisme. Alors que d'autres observateurs jugent que l'ONS n'est pas le producteur primaire de l'information qu'il publie. D'où une véracité des chiffres sur le chômage très équivoque. Dans le brouhaha qui caractérise l'étalagee de ces chiffres, l'appréciation d'organismes internationaux vient renforcer davantage le doute. Aussi, si les pouvoirs publics avancent un taux de chômage actuel de 11,8% en Algérie, la Banque mondiale l'estime à 24%, en raison notamment de l'informel et des petits boulots. Ce qui est tout le contraire de la méthodologie de l'ONS sur laquelle se base le gouvernement et qui omet la nature précaire, limitée, des emplois existants. Le cabinet d'intelligence économique londonien Oxford Business Group, spécialisé dans le suivi des développements économiques, donne, quant à lui, le taux de 30% de chômage en Algérie. Alors que la statistique publiée par l'ONS l'estime à 13,8% en 2007 contre 12,3% en 2006! Il faut donc croire qu'en l'absence d'une construction transparente des données et autres indicateurs du développement économique et humain, il est plus que difficile d'asseoir des bilans objectifs. En conséquence, construire une banque de données sur l'emploi et le chômage, pouvant orienter toute une politique gouvernementale, tel que le prétend Tayeb Louh, ne peut que soulager une longue attente. Et peut être mieux éclairer sur une réalité nationale où le poids des hydrocarbures rend très difficile l'analyse de l'économie algérienne où une infime main-d'oeuvre, ne représentant que 2 à 3% du total de la population active, produit la moitié des richesses nationales.