Voilà un club qui défie la logique et s'installe en tête du classement. Non, ce n'est pas un gag, le Nasr d'Hussein Dey est bien seul leader du championnat de la division1. Celui qui aurait prédit un tel scénario au tout début de la saison, aurait été pris pour un fou ou pour un joyeux luron qui cherche à mettre une pincée d'amusement dans l'ambiance morose du championnat d'Algérie de football. Pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence: au bout de 7 journées de compétition, le club husseindéen s'est emparé de la première place du classement. Voilà un club que l'on disait destiné à jouer pour le maintien en division1, qui bouleverse tous les pronostics en venant s'installer à une place destinée à d'autres clubs. C'est ce qu'on appelle le monde à l'envers. Mais l'est-il vraiment dans un football où l'on sait qu'il n'y a aucune logique? Durant l'intersaison, il n'y en a eu que pour l'ES Sétif, l'USM Annaba, la JS Kabylie et l'USM Alger et leurs gros chéquiers. De l'argent très mal investi dans l'achat de joueurs qui n'ont de vedette que le nom. D'aucuns nous diront que l'on va vite en besogne et que ces clubs finiront bien par prendre le dessus. Il est fort possible que ce scénario ait lieu un jour, cela ne saurait nous démentir sur le fait que nos principaux clubs font fausse route en consentant à faire de gros efforts financiers pour recruter des joueurs pas forcément meilleurs que ceux qu'ils ont sous la main, notamment leurs jeunes. Le NAHD est en train de leur donner le plus bel exemple en la matière. Ce dernier fait partie des clubs que l'on qualifie de formateurs dans le football algérien à l'image d'une ASM Oran, d'un RC Kouba ou d'une USM El Harrach. S'il a dégringolé dans la hiérarchie c'est justement parce qu'il n'a que, très rarement, pu garder les meilleurs joueurs qu'il formait. Cela avait commencé en 1978 lorsque la JSK lui avait enlevé Ali Fergani alors que la réglementation de l'époque interdisait ce genre de transfert. Dans les années qui suivirent, le Nasr fut «dépecé» au fil des saisons et ne put jamais retrouver son lustre d'antan qui avait fait de lui un des plus grands clubs d'Algérie. La génération d'aujourd'hui doit, en effet, savoir que le NAHD des années post-indépendance jouait constamment les premiers rôles en championnat de la D1 avec des joueurs comme les Ouchen, Youcef, Abdelkader, Djebbar, Oualiken, Saâdi, Bouyahi et les frères Aouar qui faisaient partie des meilleurs acteurs de la compétition. A leur suite, vint la génération des natifs du début des années 50, tels les Fergani, Khedis, Bouchafra, Ighil et Guendouz qui furent rejoints, un peu plus tard, par les jeunes Madjer, Merzekane, Aït El Hocine, Guenoun, tous de véritables artistes. Il est vrai que le club d'Hussein Dey n'a pas remporté une flopée de titres (champion en 1967 et vainqueur de la Coupe d'Algérie en 1979) mais par son jeu et sa capacité à renouveler son élite, il était constamment aux avant-postes du championnat. En outre, nous pensons que le NAHD de la saison 1972-73 a développé le plus beau football qu'aucun autre club n'ait fourni à ce jour. Ce Nasr-là est rentré, par la suite, dans le rang en raison d'un manque flagrant de moyens qui n'a pu l'empêcher d'éviter la fuite de ses meilleurs éléments. Cela se passe jusqu'à aujourd'hui, le club des Sang et Or ayant la saison dernière perdu Halliche parti au Portugal et cette saison Ouznadji et Boukria qui ont signé à la JSK. Trois titulaires en moins, de quoi donner de la consistance aux déclarations des sceptiques qui parlaient de relégation pour ce club. Ils ont, simplement, négligé le fait qu'il avait en son sein des joueurs capables de relever le défi mais surtout qu'il avait enregistré le retour de Nour Benzekri au poste d'entraîneur. Ce dernier s'était mis à l'écart de l'actualité sportive durant quelques saisons au point de se faire oublier. Il est revenu et a démontré qu'il n'avait rien perdu de ses qualités de meneur d'hommes mais aussi ses convictions que c'est avec les jeunes que l'on gagne le plus beau gage de réussite à long terme. Et puis Nour a prouvé qu'il avait du flair, lui qui a su coacher son équipe en procédant aux changements adéquats lors des matchs de Chlef et de Blida où le Nasr a fini par s'imposer. Nul ne sait ce que nous réservera l'avenir, mais il ne se trouvera personne à contester la place qu'occupe le NAHD de ce moment, ni le fait qu'il a apporté une bouffée d'oxygène à une compétition sclérosée par la bataille menée par des équipes surmédiatisées mais en panne d'imagination. A ce titre, le club d'Hussein Dey mérite tous les éloges.