Le nord du Liban est à nouveau le théâtre d'un attentat qui a fait de nombreuses victimes. Quatre personnes, dont trois soldats, ont été tuées hier dans un attentat à la voiture piégée visant un minibus de l'armée aux abords de Tripoli, la grande ville du nord, une attaque qui risque de nuire à la stabilité du Liban et aux efforts de réconciliation en cours. Cinq soldats sont morts et au moins 24 personnes, dont 18 soldats, ont été blessées dans l'attentat survenu tôt dans la matinée, a déclaré un responsable de l'armée. «Une fois de plus, une main perfide a surgi pour frapper l'institution militaire dans une attaque terroriste dont le but est clairement de nuire aux efforts pour la paix et la stabilité» a réagi le commandement militaire. D'après un porte-parole de l'armée, la bombe, placée sous un véhicule garé sur le bas-côté de la route, a explosé au passage du bus de l'armée à l'entrée sud de Tripoli, à une heure de forte circulation. Le bus, qui se rendait à Beyrouth, à 80 kilomètres plus au sud, transportait 24 passagers. La police et l'armée ont immédiatement déployé un cordon de sécurité autour du site de l'explosion, où les experts ont commencé leur travail de collecte d'indices. Les habitants du quartier se sont précipités sur les lieux en quête de nouvelles rassurantes de leurs proches, d'autres se sont rués dans les hôpitaux, tandis qu'un quinquagénaire, en larmes, réclamait des nouvelles de son fils qui, selon lui, se trouvait dans le bus. Sous l'effet du souffle, des fenêtres ont été brisées et des voitures endommagées. Le véhicule sous lequel était placé la bombe n'est plus qu'un amas de tôle. La police soupçonne que l'engin, bourré de vis et de boulons, a été déclenché à distance par télécommande. Cet attentat, qui n'a pas été revendiqué à ce stade, «vise la sécurité et la stabilité dans le pays, portant un coup aux efforts de réconciliation en cours», a déclaré le porte-parole de l'armée. Les différentes factions politiques rivales ont entamé le 16 septembre un dialogue national visant à mettre fin aux violences et à l'instabilité, qui, en mai, avaient fait 65 morts et failli déboucher sur une guerre civile. D'autres responsables libanais estimaient que l'attaque pouvait avoir pour but de saper les efforts de l'armée pour contrôler Tripoli, théâtre de mai à juillet de violences confessionnelles intermittentes ayant fait plus de 20 morts. Ces combats avaient opposé des sunnites à des habitants appartenant à la communauté alaouite, une branche du chiisme, dans plusieurs quartiers de la ville côtière, avant que l'armée ne dépêche des renforts dans les zones des affrontements. «Cette attaque vise le moral de l'armée et cherche à nuire aux relations entre les militaires et les habitants de Tripoli, à la suite du déploiement renforcé de troupes», a estimé le député Moustapha Allouche. Mi-août, 14 personnes, dont neuf soldats et un enfant, avaient été tués dans une attaque comparable à Tripoli, soit le bilan le plus lourd pour un attentat en trois ans. Il s'agissait de la pire attaque contre l'armée depuis les violents affrontements ayant opposé en 2007 les militaires au groupuscule islamiste Fatah al-Islam, inspiré par Al Qaîda, dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared (nord), ayant fait plus de 400 morts dont 168 soldats libanais. La région est également la proie d'un regain de tensions après l'attentat à la voiture piégée qui a fait 17 morts samedi à Damas, la capitale de l'ancienne puissance de tutelle du Liban.