C'est ce qu'affirme le professeur Rayane. Il ne suffit pas de changer les textes de loi, il faut aussi sensibiliser la société et lever les tabous, en passant par les écoles, les lycées et les facs, souligne-t-il. La révélation du professeur Rayane, doyen de la néphrologie en Algérie, laisse perplexe. La loi algérienne interdit le don d'organe dans certains cas précis, notamment en ce qui concerne les grands-parents, oncles et tantes, cousins germains et les donneurs ayant des liens d'alliance, en particulier le conjoint et les autres membres de la belle-famille. Aucun argument scientifique ne justifie cette interdiction qui empêche le citoyen de faire don de son organe. Dans ce sens, le professeur Rayane a appelé, hier, à Alger, les autorités concernées et les élus à élaborer d'autres lois permettant d'élargir la liste de donneurs vivants, qui est actuellement limitée aux ascendants, collatéraux et descendants. Le nombre de greffes rénales en Algérie demeure insuffisant, comparativement au nombre d'Algériens arrivant au stade terminal de leur insuffisance rénale. Ce stade peut être estimé à 4 500 nouveaux cas par an. «Il faudrait aussi réfléchir sérieusement sur la carte de donneur si on veut atteindre la réalisation de 200 greffes par an, soit 6 greffes rénales pour un million d'habitants d'ici 2010», indique le Pr Rayane. Depuis 1986 et jusqu'à aujourd'hui, 500 transplantations rénales ont été réalisées à partir de donneurs vivants apparentés. Une activation du programme national de transplantation en 2006, a permis la réalisation de 116 greffes durant la seule année 2007. Pour le professeur, il ne suffit pas de changer les textes de loi, il faut aussi sensibiliser la société et lever les tabous, en passant par les écoles, les lycées et les facs. Le Pr Rayane explique que le don d'organe, à partir d'une personne vivante, ne suffit plus. Il faut songer à établir des listes de personnes qui se prononcent comme donneurs d'organe en cas d'accident mortel. En Algérie, la transplantation rénale par rein de donneur cadavérique, représente seulement 5% du programme national. Il n'existe pas d'opposition affichée par les autorités religieuses, ni d'empêchement légal; mais le consentement explicite, préalable du donneur ou de sa famille après son décès, reste une nécessité absolue. Sur un autre plan, le professeur a souligné qu' il y a 13.000 patients qui suivent une hémodialyse dans 250 centres, et d'autres centres privés ouvriront prochainement. La prise en charge coûte très cher, est-il noté. Mais il y a une tendance vers la réduction des coûts, avec la généralisation des produits génériques. C'est une étape, a relevé le conférencier. Mais cela reste une charge financière importante pour l'heure pour les Caisses de sécurité sociale. Il faut donc aller à la transplantation rénale. Sur le plan religieux, cela ne pose plus de problème. D'autre part, le Pr Rayane a annoncé que 6 millions d'Algériens courent le risque d'avoir une pathologie rénale suite à un diabète ou à une hypertension.