Photo : Makine F. Le prélèvement des organes sur les cadavres est revenu comme un leitmotiv dans la bouche des professeurs de néphrologie lors des journées de formation médicale, organisées, hier, au CHU de Beni-Messous par la Société algérienne de néphrologie, dialyse transplantation (SANDT) présidées par le professeur Tahar Rayane. «La Tunisie a fait un bon qualitatif dans ce domaine en prélevant les organes sur les cadavres alors que chez nous c'est juste une question d'organisation au niveau des hôpitaux», estimera le Pr Rayane. «Pour prélever des organes sur un cadavre, il faut des moyens spécifiques, une réanimation spécialisée ainsi que différents examens et bilans en moins de 48 heures», soulignera ce même spécialiste. Par ailleurs, il y a un manque de spécialistes dans le domaine de la transplantation rénale, c'est pour cela que l'Etat est interpellé pour mettre les moyens nécessaires puisque la demande est estimée à 300 greffes annuelles alors qu'il n'est pratiqué que 40%, soit entre 100 et 120 greffes. «Ce sont des soins de haut niveau dont les hôpitaux doivent adopter», soulignera le médecin. Concernant les dialysés, ils sont estimés à 13.500 à l'échelle nationale. 9000 patients ont reçu la greffe dont la moitié a été transplantée dans les hôpitaux algériens. Les chances de survie sont estimées à 90% si l'opération se déroule dans de bonnes conditions. A propos de donneurs, c'est toujours le cercle restreint de la famille. En d'autres termes, le donneur doit faire bénéficier ses ascendants, descendants et collatéraux si l'on se réfère à la loi relative à la santé de 1985. «Nous demandons l'élargissement de cette loi pour permettre au donneur de faire bénéficier d'autres personnes étrangères à la famille», a rappelé le Pr Rayane. «Ceci permettra à coup sûr aux conjoints de ne plus aller à l'étranger pour faire don pour l'un et se faire greffer pour l'autre». Par contre, le président de la SANDT affirmera qu'«il n'existe pas, en Algérie, de trafic d'organes», ajoutant que «le tourisme de transplantation existe et a été pratiqué par certains Algériens au Pakistan et en Chine. Il s'agit, expliquera-t-il, d'acheter un rein chez un condamné à mort». Le thème de ces deux journées est relatif aux abords vasculaires. Quand les vaisseaux sanguins sont inexistants, des fistules artério-veineuses sont posées dans le bras. Le but est d'obtenir une dilatation veineuse importante pour permettre la pose de circuits de circulation extracorporelle pour un traitement par hémodialyse. Cette fistule n'est disponible que chez le privé, selon les médecins, et le malade doit débourser entre 10.000 et 50.000 dinars pour l'acquérir. Alors que la plupart des malades sont démunis et ne peuvent pas payer ce petit équipement aussi vital que nécessaire. C'est pour cette raison que la SANDT exhorte la Caisse nationale de sécurité sociale à prendre en charge le remboursement des fistules. L'autre combat de cette association est de faire de 2010, l'année de la sensibilisation des dons d'organe.