La crise financière continue de secouer les principales places boursières mondiales. Dans cet entretien, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem Merrakech est catégorique: «Nous faisons partie du monde, donc nous serons touchés par cette crise internationale.» C'est ce qu'il tente d'expliquer tout en insistant sur le fait que l'Algérie sera indirectement touchée. L'Expression: Le monde subit une crise financière aiguë. Pouvez-vous nous expliquer ce fait? B.Merrakech: Ce dont il est impératif de tenir compte, c'est l'engrenage que forme le système économique et financier mondial. Il est formé de telle sorte que tous les pays soient tributaires du même système. Cette dépendance est faite à l'insu des pays sous-développés qui doivent suivre, bon an mal an, les règles du jeu appliquées sur les places financières internationales. Nul ne peut échapper, de ce fait, à un système dicté par les superpuissances mondiales. Et avec la mondialisation tous azimuts que connaît la planète, imposée par les quelques puissances mondiales, les marchés sont dans la nécessité de suivre. L'Algérie, tout comme le Mali et d'autre pays sous-développés ou en voie de développement, subiront inéluctablement les conséquences de la crise financière mondiale. Comment l'Algérie subira-t-elle ces conséquences? Pour ce qui est de l'Algérie, elle sera touchée indirectement, puisque l'économie mondiale est en récession (diminution temporaire de la production, Ndlr). Maintenant, pour ce qui est de la manière dont notre pays sera touché, ce sera constaté au niveau de la diminution des investissements et des échanges. Cela sera visible, de même, sur certains projets que l'Etat a entamés en grande pompe. Les conséquences seront inévitables, notamment avec la dégringolade continue des cours du pétrole (puisque l'économie algérienne dépend exclusivement de cette ressource naturelle), conjuguée à la dévalorisation du billet vert (le dollar américain), face à l'euro. D'autant que les importations algériennes se font en dollars. C'est-à-dire, si l'euro se vend plus cher que le dollar, l'Algérie devra puiser davantage de son Trésor pour payer ses factures d'importation. De quelle manière l'Algérie pourrait-elle, dans le futur, éluder une telle situation? A long terme, le pays pourra se mettre à l'abri de ces crises redoutables qui touchent le monde, mais cela ne peut se faire qu'avec la création de richesses. Les secteurs comme l'industrie et l'agriculture, à titre d'exemple, sont à promouvoir pour atteindre cet objectif et assurer son indépendance par rapport aux pays développés. La création des conditions internes favorables est une condition sine qua non pour que ladite stratégie soit concrétisée sur le terrain. Aussi, est-il nécessaire que l'Etat se contente de jouer son rôle de régulateur, au lieu de revenir à un système économique désuet, déjà enterré, où le monopole de l'Etat est partout perceptible.