Le club chypriote n'a rien à perdre mais tout à gagner face à l'un des barons de la compétition. Le Werder Brême a été neutralisé et le Panathinaïkos humilié: premier ex aequo du groupe B de la Ligue des champions, le club chypriote de l'Anorthosis Famagouste ne garde toutefois pour ambition que de continuer à rêver, avant de défier l'Inter, ce soir à Milan. A quoi pourront bien penser les joueurs de l'Anorthosis, habitués des stades champêtres du modeste championnat de l'île, au moment de pénétrer sur la pelouse de San Siro, l'une des enceintes mythiques de la grande Europe? Au chemin parcouru, peut-être, alors que trois mois plus tôt Famagouste débutait sa campagne européenne par un succès étriqué 1-0 face aux Arméniens de Pyunik, à la faveur d'un penalty inscrit en fin de rencontre. A moins que, forts de leur classement -Famagouste est à égalité parfaite avec l'Inter avant ce match (4 pts)-, l'ambition de faire un pas vers les 8e de finale, n'effleure l'esprit des plus chevronnés, tels l'ancien Madrilène Savio ou l'international grec Traianos Dellas.. Le président Andreas Panteli se charge de fixer le cap. «Aucun rêve ne peut devenir réalité sans consentir d'énormes efforts au préalable. Rien n'est joué», prévient-il. A vouloir jouer dans la cour des grands, l'Anorthosis, l'une des plus petites équipes à disputer la C1 dans son format actuel, s'expose à une sévère mise au point de la part des barons de la compétition. Car si l'Anorthosis a concédé le nul 0-0, samedi face à la modeste équipe de Paphos, l'Inter, elle, est allée humilier la Roma (0-4), dimanche dans la capitale. «Si on joue comme contre Paphos, on va finir avec un filet de ballons dans notre but», annonce, lucide, le milieu français Cédric Bardon. Pour éviter ce scénario aujourd'hui, le club de réfugiés -Famagouste est dans la partie de l'île occupée par l'armée turque- comptera sur ce qui a fait sa force jusque-là: une rigueur défensive extrême, autour de Dellas, et une capacité à endormir l'adversaire pour mieux le frapper, avec Savio à la manoeuvre.. Concrètement, à Brême, le Werder a dominé sans vraiment accumuler les occasions franches. Quant au «Pana», il est reparti ulcéré de Chypre, avec l'impression de s'être fait rouler, comme ses compatriotes de l'Olympiakos lors du 3e tour préliminaire. «Nous avons fait un travail remarquable jusque-là et nous avons atteint nos objectifs initiaux, mais nous entendons prolonger ce bel effort jusqu'au bout», prévient Andreas Panteli. Concernant les critiques adverses, l'entraîneur géorgien Temur Ketsbaia s'en accommode très bien: «On se fiche de ce que peuvent dire les autres. Tant que nous gagnons des points, ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent.» A Milan, l'ancien joueur de Newcastle (1re div. anglaise) devra à nouveau faire la preuve que l'amalgame entre générations au sein de son effectif, est un franc succès, voire s'en remettre, pourquoi pas, à une petite dose de superstition. Car si l'Anorthosis était sorti défait de ses deux précédentes confrontations avec des clubs italiens, l'ancien international géorgien avait déjà, à l'époque, réussi un petit exploit: en 1992, il avait inscrit l'unique but de Famagouste à Turin, lors d'une lourde défaite (1-6) contre la Juventus en Coupe de l'UEFA.